Nous voilà plongés dans l’univers hallucinant des fêtes du début du siècle. Dans cet album, Henry Louis Gates et Karen C.C. Dalton ont rassemblé les affiches du décorateur Paul Colin, qui a suivi les tribulations d’une figure ô combien mythique des années 20 : Joséphine Baker. L’audacieuse, la pétillante Joséphine Baker qui en a fait vibrer plus d’un. Cette série de lithographies coloriées à la main est d’une rare intensité. On a envie de remonter le temps pour se retrouver dans les soirées survoltées du jazz et du charleston du théâtre des Champs-Elysées et des autres lieux de réjouissances. Les affiches sont alléchantes, on y découvre une superbe noire américaine avec des formes vigoureuses, quelque peu dénudée (pour l’époque) qui vous invite à partager quelques pas d’une danse endiablée, ainsi que des musiciens déchaînés qui vous promettent de passer une nuit inoubliable. Quel dommage d’être né en cette fin de siècle où la fête n’a plus rien à voir avec la fougue d’antan et où on a plus l’impression d’assister à une réunion d’excités qui, de peur de s’ennuyer, affichent un sourire figé et vous assomment de musiques plus monotones les unes que les autres !
L’insolence de Paul Colin réside dans son trait de crayon qui suggère que les mauvais coucheurs, les « culs serrés » peuvent rester chez eux. Les autres, ceux qui ont vraiment envie de s’amuser, se joindront à la fête. Le dessinateur est tombé sous le charme de ce cette bande emmenée par la reine Joséphine Baker et leur a dédié une série d’affiches à la hauteur de leur talent. « Le tumulte noir », c’est ainsi que Paul Colin l’avait baptisée, déferle sur la France et lui offre quelques années de pur délire. On aimerait bien retrouver quelque chose d’équivalent. En attendant, rêvons un peu en feuilletant ce très bel album…
Gates & Dalton – Joséphine Baker et la Revue nègre
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