Rapide, précis, rageur et exaspéré, Chiens féroces, deuxième roman de Daniel Brajkovic, confirme la réussite du premier, Quitte à en crever, que l’on avait reçu à sa parution comme une claque. Un style électrique, heurté parfois, mais d’une incroyable vitalité, entre l’énergie béhavioriste de la série noire et les fulgurances classiques des grands moralistes. Ici encore, c’est à une exclusion volontaire que nous convie l’auteur : celle de trois jeunes gens ravagés par la peste de l’époque, l’ennui. Trois nihilistes éperdus de vitesse, désespérés et commettant des actes qui précipiteront leur chute.
Décor : une ville que l’on imagine comme tant d’autres, déshumanisée, avec ses rues froides et en partie désertées la nuit. Epoque : contemporaine (les programmes de télévision rythment la vie de la cité). La colère monte… le temps de faire quelques rencontres (des femmes de passage, le bourgeois Jean-Rémi). Douleur de vivre, indifférence au monde, tout est réuni pour que l’irréparable se produise. Cette histoire est celle d’un échec social. Elle contient une redoutable galerie de portraits et offre une vision d’une époque où la mort est omniprésente. On l’aura compris, il s’agit d’un roman violent et sachant saisir à bout portant des êtres à la dérive ayant adopté l’axiome nietzschéen « tout ce qui ne me tue pas me rend plus fort », et pour qui nulle rédemption n’existe.
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