Révélé au moment de la sortie de La Reine des pommes, en 1958, Chester Himes fait partie de ces artistes qui, à l’instar de Woody Allen, ne sont pas prophètes en leur pays. Installé à Paris entre 1954 et 1965, il est devenu le protégé de Marcel Duhamel, fondateur de la Série Noire. Il entama sous son égide une seconde carrière d’écrivain de polars qui lui valu les plus grandes faveurs en France, alors qu’aux États-Unis… Ainsi, certains de ses livres (Il Pleut des coups durs, Dare-Dare, Ne nous énervons pas) furent d’abord publiés dans leur traduction française. Ce paradoxe est toujours d’actualité puisque ce sont aujourd’hui les éditions Gallimard (encore eux !) qui proposent l’édition la plus complète à ce jour de ses nouvelles.
La particularité de ces textes courts est que les premiers d’entre eux furent écrits en prison… Détenu à la suite d’un cambriolage raté au début des années trente, Himes s’était découvert une passion pour les pulp writers de Black Mask -le célèbre magazine dans lequel débutèrent les grands noms du roman noir américain- et plus particulièrement pour Dashiell Hammett. Il sut utiliser les leçons de ces maîtres pour décrire avec un humour qui était déjà sa marque propre la vie quotidienne d’un pénitencier. Les titres de ses nouvelles parlent d’eux-mêmes : En tôle, l’argent ne vaut pas un clou ; Une messe en prison ; L’heure des visites.
André Saint-Roy