En faisant poser Bénédicte Martin, 25 ans, à moitié nue sur la couverture de son premier livre, l’éditeur innove et propose sans doute la plus belle jaquette de l’année. Heureusement, en un sens, car il y a infiniment plus de poils que de littérature derrière sa petite culotte à pois rouge et blanche : les nouvelles (une à trois pages) de Warm up, malgré leurs prétentions lascives et une exergue d’Anaïs Nin, touchent dès la première ligne au degré zéro de l’érotisme. Dans le monde de Bénédicte Martin, il n’y a ni désir, ni tension, ni attente : on baise comme on respire, sans même y prendre garde. Le texte intitulé « La Visite » est à ce titre symptomatique de sa parfaite incompréhension de ce qu’est l’érotisme : le narrateur s’endort lorsqu’on sonne à la porte. Il ouvre, une femme entre et ôte son manteau. Ses premiers mots, prononcés à la ligne neuf, sont les suivants : « Je reste pas. Je viens baiser ». Une trentaine de lignes suffiront ensuite à l’auteur pour évacuer les figures imposées du genre (baisers, masturbation mutuelle, pénétration fougueuse) puis conclure sur un orgasme résumé à quatre mots (« Nous criâmes. J’étais terrassé ».) et accompagné, touche de fantaisie, d’une morsure inopinée. La prise est bonne, coupez, on passe à la suivante. Bénédicte Martin écrit comme elle tournerait un porno bas de gamme, sans se soucier de psychologie : Warm up est un livre peuplé de salopes sans scrupules et d’érotomanes sans épaisseur, comme dans les films de Marc Dorcel -à la différence près que Dorcel, lui, prend tout de même le temps de planter un décor. La pauvreté et la vulgarité du style (« ses lobes d’oreilles étaient gigantesques comme du fromage fondu »), ajoutées à la répétitivité d’un propos qui se contente d’enchaîner les variations sur une poignée de scénarios minimalistes, font qu’on se lasse avant même d’avoir bandé.
Présentée par les thuriféraires du n’importe quoi littéraire comme la digne héritière de la sus citée Anaïs Nin (voire, tant qu’ils y sont, comme un Miller à grosse poitrine), la pauvre Bénédicte Martin signe un livre à peine plus attirant que les pages lingerie du catalogue de La Redoute. Au moins la couverture de Warm up aura-t-elle mis un peu de gaieté sur les tables des libraires, tables dont elle dégagera d’ici deux ou trois semaines comme une professionnelle après une passe chronométrée. Si par hasard elle y revient un jour, enlèvera-t-elle le bas ?