Pour notre plus grand plaisir, c’est Stéphane Zagdansky et Alina Reyes qui sont entrés les premiers dans le nouveau Loft des éditions Pauvert. M6 a le sien, et il était injuste que nos plus brillants écrivains -toujours les premiers à y aller franco face à ce que notre admirable société parvient chaque jour à engendrer- n’aient pas l’honneur d’y accéder eux aussi. Un homme, une femme, 323 pages durant, vont se confier sous nos yeux de lecteurs suffisants et qui ont tout à (re)découvrir. Présentation des deux lofteurs : Alina est née en 1956 à Bordeaux ; 1m64 pour 49kg. Elle a deux enfants et a écrit 16 livres. Alina vit à Paris mais apprécie aller se ressourcer dans sa maison de Barrèges.
Stéphane a 39 ans (1m83 pour 75kg) et vit lui aussi à Paris. Il a écrit 10 livres mais en prépare un onzième qui s’intitulera « Les Joies de mon corps ». Contrairement à nous tous qui haïssons notre corps (c’est Stéphane qui l’a décrété) lui, Stéphane, adore le sien. Stéphane a même « nominé » Michel pour délit de non adulation de son corps ; c’est dire. Stéphane : « Les gens voudraient changer de corps » (à 9h30 le 27/01). Messieurs, faites le test de Stéphane pour voir un peu si vous vous aimez autant que lui : goûtez votre sperme. Cela vous dégoûte ? Bande de « pisse-froid » « révulsés par la jouissance chaude »… Constat désabusé de Stéphane et Alina : nous sommes morts, paranoïaques, jaloux, racistes, très peu versés dans les plaisirs amoureux, on regarde beaucoup trop la télévision, bref, tout le monde est à côté de la plaque, personne ne sait écrire. Sauf eux, bien évidemment. Il y aurait, de plus, un complot orchestré par la société pour nous empêcher de lire les livres de nos deux lofteurs. Méfiance, donc. Dialogue : « Stéphane : ah oui? Alina : Oui… Stéphane : Ah oui. Alina : Oui, oui… » (aux alentours de14h, le 20/01). Pour éviter que nous ne comprenions pas de quoi parlent, au juste, Stéphane et Alina, la Production a bien pris soin d’intituler les conversations et de signaler lesquelles étaient drôles par la note indicative « rires ». Le dialogue ci-dessus cité a d’ailleurs pour titre « Solitudes ». D’autres sont plus cocasses, comme le très savoureux « Premières expérimentations de Stéphane », ou l’ultime « L’Anti-Histoire ». Si « Alina dépucelée » vous indiffère, rabattez-vous sur « Abjection de la critique » ou le pédagogue « Apprendre à lire ». Vous y trouverez, en même temps qu’un foisonnement de lieux communs prêt à concurrencer les meilleures brèves de comptoirs de J.M Gourriaud, cette tautologie qui vous avait jusqu’ici échappée : Stéphane Zagdanski, est un génie ignoré. Un génie qui n’ a toujours pas fini de paraphraser Sollers, mais un génie quand même. Pour ne pas nous faire taxer de misogynie aggravée, nous dirons simplement des propos d’Alina Reyes qu’ils n’ont jamais été, dans cette Vérité nue, marqués du sceau de la niaiserie et du ridicule.