Les consommateurs sont désormais habitués à la valse des licences vidéoludiques toutes aussi hésitantes et mal fagotées les unes que les autres. La version cinématographique X-Men faisait déjà frémir d’effroi les spécialistes autoproclamés ès Marvel, alors à quoi bon se pencher sur une adaptation opportuniste… Eh bien, tout comme le film, X-Men : Mutant academy s’avère bien moins décevant que prévu. Alors que la force du X-Men formidablement bien léché par Bryan Singer est de rendre l’objet d’un culte accessible à tous, tout en préservant sa quintessence, celle du jeu est de se cantonner à satisfaire un public bien ciblé. Au-delà d’un cercle de puristes prêts à se jeter sur tous les produits estampillés d’un X tout en faisant la fine bouche, Activision s’est contenté d’en faire un pur produit de série B.
Nous ne sommes pas vraiment ici au pays de la finesse ; tout est question de rapidité de frappe. Il faut sans cesse bombarder son adversaire de coups pour avoir l’espoir de le voir s’allonger définitivement. Nous ne sommes pas, et de loin, dans Dead or alive 2 ou même dans Tekken 3. Le joueur peut bien parer les coups et même les contrer, mais pour remporter la victoire il vaut rentrer dans le tas et jouer les bourrins. La douzaine de personnages (aucun n’est à débloquer) choisie parmi la crème des mutants possède des coups spéciaux qui ont de quoi, en une seule utilisation, terrasser l’adversaire. A base d’arcs de cercle et « d’avant-arrière » compulsifs chaque super-héros et super-vilain peut envoyer pas moins de trois combos lorsque la jauge correspondante se met à clignoter. Pour remplir ces indicateurs, rien de mieux qu’un bourrinage intensif à base de coups de pied ou de coups de poing… à moins d’avoir découvert en cours de match comment gérer ses jauges pour pouvoir les combiner et être sûr d’avoir toujours un combo dans sa manche. Une fois le super-coup déclenché, sa puissance peut être augmentée artificiellement avec un peu de vivacité padologique en suivant les directions affichées à l’écran. A moins que celui d’en face se soit protégé à temps, le combat est vite achevé. Heureusement, le joueur est obligé de meubler entre chaque combo par des coups plus basiques et surtout des prises, non seulement impressionnantes mais surtout très efficaces. Il faut voir Serval filmé en Time-bullet tourné autour de son adversaire de manière aérienne pour lui envoyer un kick en pleine tête ! Jouissif. Mine de rien, X-Men : Mutant academy, avec son académisme ludique, propose quelques dizaines de coups qui ont de quoi, aux yeux des gamers les plus hardcore, effacé la médiocrité de la réalisation. Tant pis pour les poses parfois ridicules de Cyclope, le jeu s’avère tellement brutal qu’on prend un plaisir non dissimulé à s’envoyer des châtaignes de plus en plus monstrueuses. Activision a même pensé aux joueurs les plus extrêmes qui prennent leur pied à refaire encore et encore le même mode pour espérer débloquer quelques petites options bien dissimulées. Ici, dès qu’un personnage termine un mode (Arcade, Survival et Academie -un tutorial très efficace) de nouveaux costumes, de nouvelles cinématiques, des dessins, des photos du film et même sa bande-annonce finissent par apparaître.
Les plus férus du genre ne compteront pas les heures passées à bastonner du mutant, surtout à plusieurs. Quant aux autres, ceux qui n’aiment pas se découvrir trop rapidement, gageons qu’ils passeront vite la manette à leur voisin.