L’opération commando a finalement eu lieu. La vague d’agression nipponne en flux continu devait un jour arrêter de pervertir les cerveaux apathiques de nos très chères têtes blondes. Une seule solution face au déferlement de jeux de combat version manga : mettre en avant la culture occidentale héritière de la lutte gréco-romaine et autres amusements sous perfusion huileuse. On oublie les bimbos de 14 ans bonnet D, gesticulant et piaillant à coups de petits cris et on décongèle les mammouths, qui, ébahis, découvrent que le monde a bien changé depuis l’homme de Cro-Magnon. Quoique…
THQ décide de monter au front et jette dans l’arène, WWF royal rumble, première simulation de catch sur Dreamcast. Le premier cri guttural poussé à pleins poumons, le hardcore gamer, en recherche de nuques brisées et de clés de bras bien ajustées, risque pourtant d’être déçu. Alors oui, forcément, c’est gros, plein de poils, ça hurle beaucoup et ça boit des litres et des litres de bières et de temps à autre ça tape très fort. Bref, le genre de gars qui en impose. Seulement voilà, l’impression que n’importe quel Pokemon, Rondoudou et Psykokwak pourrait battre le bestiau fait tourner court le titre et transforme le tout en un gigantesque jeu de massacre d’espèces en voie de disparition. Même pas la plus petite giclée de haine à vrai dire. Les deux modes versus et championnat, chiche au possible, la faculté absolue quasi divine de ne rien pouvoir customiser achèvent d’énerver le joueur. L’univers du catch reste pourtant une aubaine sans nom pour le concepteur tant ce sport est facile à transposer et contient de gimmicks et de développement prédécoupés. De là à croire qu’un copier-coller d’un match sur RTL 9 suffit à la rendre interactif et attractif…
Le combat commencé, la douche froide continue. WWF royal rumble déçoit par la pauvreté des coups, la petitesse du ring et des décors franchement laids. Le maniement des bestiaux ne rattrape pas l’affaire. Lents et mal animés, les catcheurs confinés dans un espace quasi clos passent leur temps à se tourner les uns autour des autres et à s’envoyer parfois quelques beignes. Au loin, les sprites multicolores qui simulent les spectateurs déchargent leurs condensateurs, histoire d’applaudir (?) la piètre performance de leurs idoles. On eût pu espérer qu’une option pierre-papier-ciseau vienne effacer la morosité des matchs et élever un tant soit peu le débat. Que nenni. Seule l’invasion fortuite d’une dizaine de catcheurs venus prêter main forte à leurs congénères évoquent les rébellions des antiques gladiateurs. Qu’on se le dise, les temps ont bien changé : les brutes épaisses préfèrent à la prise de conscience de leur condition d’escales virtuels, une bonne vieille baston des familles.