La rédaction de Chronic’art avait été quelque peu mitigée à propos de Croisades. Le principe, à mi-chemin entre le jeu d’aventure et le CD-Rom historico-culturel, se révélait plutôt contraignant et au final, assez ennuyeux. N’empêche, Croisades est un beau succès public si l’on s’en réfère au nombre d’exemplaires vendus (ce qui ne signifie en rien que le produit a été apprécié). Fort logiquement, Index + et FT Multimédia en remettent donc une couche avec Vikings. L’occasion de voir si le genre a vraiment convaincu…
L’idée, cette fois-ci, consiste en une reconstitution fidèle de l’univers viking. A partir de sources archéologiques scandinaves, anglaises, françaises, allemandes et islandaises, les concepteurs ont monté une fiction qui met en scène, à l’aube de l’an mille, Hjalmar et son clan. Ses parents ont été assassinés et le domaine familial est ravagé. Par ailleurs, Hjalmar a perdu la hache magique de ses ancêtres et, sans elle, difficile d’affirmer son rôle de chef ! C’est ici qu’intervient le jeu proprement dit, puisqu’en incarnant le compagnon d’Hjalmar, il va falloir s’adonner au « glisser-déposer » dans les décors et dans votre portefeuille pour résoudre une dizaine d’énigmes. De Norvège en Islande et au Groenland jusqu’aux rivages de Vinland sur les terres d’Amérique… En explorant les lieux et recoins de chacun des mondes, il s’agit de récupérer les bonnes personnes et les bons objets pour les réutiliser par la suite à l’endroit adéquat. Exemple : pour prendre le large et rejoindre l’Islande, les hommes d’Hjalmar doivent construire un drakkar (un « knörr » en v.o.). Pour ce faire, il faut réunir une bonne quinzaine d’éléments (bordé, varangues, emplanture, mât, vergue…) et les poser un à un, dans le bon ordre, sur le chantier naval. Petit à petit, le drakkar prend forme sous vos yeux. Bien, mais pour espérer voir la mise à l’eau, il vous faudra beaucoup de patience et une énorme dose d’acharnement. Quand bien même de nombreuses informations historiques parsèment, en guise d’indices, les écrans, doutons que l’utilisateur puisse résoudre l’énigme sans un début de solution. Cette difficulté, excessivement élevée, vaut pour la quasi-totalité des énigmes de Vikings. Au bout du compte, on repasse bien trop souvent sur les mêmes tableaux, avant de s’ennuyer ferme. Dommage, car on aurait apprécié pouvoir en apprendre davantage sur le peuple d’Odin, sans être contraint de finir une énigme pour passer à la suite. Ici, comme dans Croisades, le jeu est de trop ! Dernière remarque : les personnages du jeu sont encore une fois incarnés et joués par des acteurs filmés, ce qui détonne parfois franchement avec les décors de synthèse.
Les créations d’Index + sont toujours aussi sérieuses et appliquées -réalisation impeccable, trame sonore exceptionnelle ici-, mais en poursuivant sa démarche dans ce mauvais créneau ludo-culturel, dit « jeu vidéo pour comprendre », on ne saisit toujours pas bien où l’éditeur veut en venir. Et surtout, à qui il s’adresse…
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