Après un premier épisode qui avait réussi à trouver un petit groupe d’ardents pratiquants, à défaut d’avoir pu convaincre grand monde, Vigilante tente un rugissant retour pour bousculer les joueurs et la 128-bits de chez Sega. Ceux qui s’étaient découverts guerriers de la route grâce à la première mouture ne risquent pas de se sentir dépaysés. Même recette : une pincée d’action, une poignée d’action et une grosse louche d’action. Pas compliquée mais efficace.
Malheureusement, la mixture ne suffira probablement pas à convaincre un plus large public. Que ce soit pour le mode arcade ou « Quest », il faut savoir mettre de côté toutes les bonnes manières que vous a inculquées le code de la route. Autrement dit, pas la peine d’essayer d’éviter de tamponner le pare-chocs du citoyen qui vous fait face, le but du jeu étant ici d’expédier sa carcasse motorisée dans l’enfer mécanique : la casse ! Au passage, vous pouvez même faire voler en éclats tous ces bâtiments que les concepteurs ont mis des mois à créer pour vos beaux yeux. Les véhicules ont été pensés dans une optique agressive et dévastatrice, suréquipés en matériel testé et approuvé par l’armée américaine : mitrailleuse, batterie de missiles, lance-flammes, mines, mortier… Pour parfaire le tout, vous disposez aussi de combos qui multiplient la puissance de chaque arme. Une mine peut ainsi être aimantée, tenant l’ennemi dans son champ magnétique à la merci du mitraillage appliqué que vous lui réservez. Quant à la batterie de roquettes, vous l’utilisez comme un réacteur d’appoint d’une puissance à vous faire décoller. Spectaculaire !
La chasse ne fait que commencer. Les différents niveaux sont étudiés pour vous rendre la tâche difficile et limiter la casse (plans d’eau, pistes enneigées), mais des items sont répartis un peu partout qui feront disparaître vos roues au profit, selon la nature de l’obstacle, d’hélices ou de chenilles. On se croirait presque dans un James Bond survitaminé où seule la mort de l’ennemi mettrait un terme au massacre. Un jeu de voitures dont la rage outrancière -qui déborde de chaque pixel-, appuyée pas des musiques de furieux, atteint des sommets. La réalisation, proche de ce que l’on est en droit d’attendre sur Dreamcast (explosions démesurées, couleurs exacerbées, etc.), pèche néanmoins par une animation à la limite de l’acceptable, marquée par de nombreuses hésitations, voire quelques ralentissements. A quatre le menu est le même, le délire intégral mais, du fait de cette réalisation vite torchée, Vigilante 8 ne pourra prétendre hypnotiser tous les joueurs. Seuls quelques décérébrés (je me joins eux dans ce combat) sauront réserver à ce jeu l’intérêt qu’il mérite.