Vietnam, 1967. Les Forces Spéciales et régulières US ont établit un camp avancé sur la colline de Nui Pek, à proximité de la frontière cambodgienne. Ici, votre section -vous incarnez le sergent-chef Steve Hawkins, un soldat d’élite- est chargée d’accomplir diverses manoeuvres dans la jungle autour du camp : exploration, récupération d’otages, coopérations avec les habitants locaux et combats frontaux contre les Viets.
Pas obligatoire, la phase d’entraînement permet, sous les injonctions et les insultes salaces d’un ersatz de Sergent Hartman (Full metal jacket), de se faire la main avec le jeu lors de parcours du combattant, d’exercices de tirs et autres formation au maniement des armes lourdes. Surtout, c’est l’occasion de bien négocier les futures missions en équipe. Dans sa campagne solo, Vietcong vous met aux commandes d’une unité composée d’un guide (la boussole du groupe, indispensable), d’un médecin, d’un sapeur (pour le ravitaillement en munitions), d’un mitrailleur (pour les couvertures) et d’un soldat radio. Seul contact avec le reste du monde, c’est aussi grâce à ce dernier que l’on progresse dans les missions -sauvegarde en prime-, lorsque votre commandement défini de nouveaux objectifs en fonction de la situation. Souvent catastrophique la situation, c’est tout l’intérêt de Vietcong. Entre les embuscades, les pièges disséminés dans la jungle et les tunnels souterrains interminables, les Viets profitent souvent de l’effet de surprise pour nous mettre en sérieuse difficulté.
Pour autant, Vietcong n’est pas parfait, loin de là. Primo, le joueur doit composer avec des armes pas vraiment évidentes à manier et dont la précision de tir s’avère particulièrement incertaine. D’où l’utilité de ne pas perdre de vue le sapeur, vu qu’on liquide à vitesse grand V ses munitions. Deuxio, par endroit le décor impose d’invisibles limites infranchissables. Enfin, on notera quelques ennuyeux problèmes de pathfinding : à l’appel de vos hommes, souvent bêtement coincés derrière un tronc d’arbre ou dans les fougères, ceux-ci peinent à vous rejoindre. D’autant plus rageant que le guide refuse de poursuivre sa route si la gentille troupe n’est pas rassemblée.
Quelques défauts donc, mais qu’importe, le jeu d’Illusion Softworks a le mérite, à l’instar de Medal of honor par exemple, de proposer plus qu’un simple FPS : un dépaysement, un voyage en quelque sorte, car il s’agit bien ici de goûter la moiteur de la jungle vietnamienne. Les Tchèques de chez Pterodon et Illusion Softworks (Mafia, Hidden & dangerous, que du potable chez ces derniers) ont effectivement pris soin de singulariser leur shoot en privilégiant coûte que coûte l’immersion du joueur. Histoire de bien ressentir le décalage entre l’incroyable beauté naturelle et potentiellement apaisante de la jungle vietnamienne et la réalité d’un environnement foncièrement belliqueux et angoissant, hostile en permanence. Déjà, les graphismes, les animations et les sons retranscrivent plutôt bien l’ambiance ballade dans la forêt tropicale, mais Vietcong vaut le détour également pour ses séquences d’intro et de fin de missions, ses cinématiques d’entre deux phases en hélico. Comme pour mieux reproduire la charge émotionnelle de la guerre du Vietnam, les concepteurs nous la jouent white blues / rock’n’roll avec en bande-son des musiques inspirées des oeuvres de Jimi Hendrix, de The Doors, des Rolling Stones et de Pink Floyd (en prime, et dans leurs versions originales : Primitive des Groupies, I wanna be your dog des Stooges, et Hey Joe version Deep Purple). Bel effet. En gros, pour faire court, disons que Vietcong est une sorte de mix vidéoludique entre l’hypnotique Apocalypse now de Coppola et le furieux Hamburger hill de John Irvin. Pas vraiment commun en matière de FPS.