Tiens, un nouveau Platinumgames. Un an après Bayonetta 2, les derniers esthètes du beat’em all japonais reviennent avec Transformers : Devastation, jeu de commande reprenant les mécaniques de leur héroïne emblématique. Annoncé fraichement en juin dernier durant l’E3, le jeu a de quoi intriguer tant le studio n’a plus grand chose à prouver dans un domaine qu’il connait par coeur depuis Devil May Cry. Difficile de savoir à qui attribuer le mérite, mais la première bonne idée du jeu est d’emprunter le style graphique du Transformers originel, plutôt que refaire du Michael Bay. Peu importe la nostalgie, cette plongée dans une esthétique 80’s crée un environnement d’un dynamisme fou qui retrouve quelque chose du futurisme graphique de l’époque. Aplats, textures, mais aussi environnements et personnages, le jeu est un ballet cartoon et fluo qui, bien qu’un peu paresseux sur la longueur, tire de ce repli rétro un sympathique retour à l’envoyeur japonais.
C’est l’autre bon côté de ce Happy Meal Bayonetta, le jeu ne ressuscite pas que les années Jem et les Hologrammes, il remet aussi la double nationalité de Transformers au coeur du programme. Né de l’américain Hasbro et du fabriquant de jouets japonais Tomy, les mythiques robots modulaires incarnaient en leur temps la rencontre juvénile (et aussi très commerciale) entre deux cultures qui alors s’infusaient l’une et l’autre. L’Amérique n’a peut-être jamais été aussi japonaise que durant les années 80 – au point qu’elle faisait fuir Harrison Ford dans Mosquito Coast. Et le Japon n’a sans doute jamais autant aimé l’Amérique (surtout dans le jeu vidéo) qu’à l’époque où la VHS était le summum de la modernité. En utilisant une version allégée du gameplay de Bayonetta (combos, guns, esquives, ralentis, fury etc.), sans oublier d’y introduire la signature des Transformers (la transformation en véhicule, qui accélère les déplacements et donc le rapport à l’espace), le jeu opère une jolie greffe entre un pur jeu de combat à la japonaise, et un environnement d’animé américain.
Peu soucieux d’imposer un gameplay trop subtil (sans pour autant parfois manquer d’exigence), le jeu vaut pour son rythme intense et rapide, ses nouveaux ennemis qui surgissent frénétiquement, son loot qui permet d’améliorer sans cesse les armes et ainsi varier le jeu en même temps que les capacités des personnages. Loin des adaptations ronflantes (Batman, Mordor…), Transformers : Devastation a la simplicité d’un AA sur Dreamcast ; il a le ton, l’esprit, le style, la facilité d’accès de ces jeux d’action sans chichi, auxquels on pardonne les limites parce que le plaisir est immédiat. C’est aussi ce qui fait le charme de cette commande, d’être sans prétention et finalement fidèle à sa licence. Comme un produit industriel quelque peu sans âme, mais dont la forme, par sa limpidité et sa cohérence, suffit à créer un de ces objets futiles qu’on aime et dont on se souviendra justement pour ça.