L’épidémie de Zeldamania resurgit soudainement ces temps-ci… Presque deux années plus tard, de nombreux malades atteints de l’étrange virus refont carrément les frais d’une console neuve, mais cette fois-ci accompagnée d’un RAM Pack. Vrai qu’il suffit de constater dans la pratique l’intérêt et la qualité de Majora’s mask pour comprendre et approuver l’ampleur du phénomène.
Ce sixième volet des aventures de Link nous propulse sur le continent Termina. Quelques mois après avoir sauvé la princesse Zelda, notre héros prend le large pour accomplir une quête personnelle dont on ignore tout au départ. Manque de bol, un gamin bizarre affublé d’un masque étrange lui vole sa fidèle monture, Epona, et le transforme en Mojo, sorte de petit humanoïde végétal. Pour retrouver son apparence normale, Link doit aider un marchand de masques à récupérer son bien : le Masque de Majora, celui que portait le gamin. Cet artefact possède d’immenses pouvoirs, notamment celui de corrompre l’âme de son porteur. Skull Kid, tel est le nom de l’enfant, a projeté de faire une très mauvaise blague aux habitants de Termina. Dans trois jours, la lune s’écrase sur le continent, et vous êtes le seul à pouvoir empêcher le désastre.
Trois jours… C’est précisément là que réside le génie du scénario : le temps. Il s’écoule de manière inexorable, quoi que vous fassiez. Une heure sur Termina correspond à une minute environ. Vous pouvez ralentir l’écoulement des secondes, vous pouvez également sauter une journée, mais quoi qu’il arrive, la catastrophe se produit au bout de trois jours. Le seul moyen d’avancer consiste donc à remonter le temps, pour se retrouver à chaque fois à l’aube du premier jour. Vous perdez votre équipement secondaire (argent, munitions, potions), mais vous gardez tous les éléments nécessaires à votre quête. L’objectif ici, c’est de réunir quatre masques, chacun caché dans un temple différent. La puissance de ces objets doit normalement, une fois réunis, suffire à déjouer Skull Kid. A noter que l’on trouve dans Majora’s mask un nombre incroyable de quêtes annexes. De quoi rendre votre personnage plus puissant, mieux armé, et surtout de prolonger considérablement la durée de vie du soft.
Au total, le jeu compte 24 masques plus ou moins essentiels. Trois de ces masques vous permettent de prendre l’apparence et les pouvoirs des peuples de Termina. Mojo, Goron ou Zora, ces transformations vous permettent d’accomplir des actions que Link est incapable de réaliser en l’état -le Zora peut se déplacer dans l’eau par exemple. D’autres masques ne sont pas aussi intéressants mais facilitent tout de même la progression. C’est le cas du masque du Lapin qui permet de courir plus vite et de sauter plus loin. Suivant le type de masque que vous portez, la populace environnante ne vous révèle pas les mêmes choses, ce qui étoffe considérablement les possibilités de conversations et, par extension, les énigmes.
L’univers est plus sombre que celui de l’opus précédent (The Legend of Zelda : Ocarina of time), ce qui n’empêche pas que le panel de textures et la netteté du graphisme aient été améliorés, notamment grâce à l’Expansion Pack. Le réalisme de l’environnement et ses capacités évolutives dans le temps sont un vrai ravissement pour les yeux. Le moteur 3D a beau être presque identique, on se laisse complètement berner par les nouveaux effets et habillages. A tel point qu’on a beaucoup de mal à croire que Miyamoto (papa de Zelda et de Mario) n’a pas travaillé sur cet épisode.
Riche, complexe, détaillé, mais néanmoins à la portée de tous, Majora’s mask s’inscrit d’ores et déjà comme l’un des meilleurs jeux tous supports confondus. L’engouement qu’il a suscité tant au niveau du public que de la presse est tout à fait justifié, puisque au-delà de l’évidente machine commerciale réside un pur concentré de jouabilité et de fun. Incontournable monstre vidéoludique, le nouveau Zelda risque de vous manger tout cru, par surprise. De quoi rejoindre à votre insu le rang des personnes atteintes par cette étrange maladie qu’est la zeldamania. Incurable !