« L’éclair de l’acier, froid et brillant. J’erre le long de champs dévastés. Mon épée ne me servira plus. Le vent du soir me ramènera vers mon foyer. » Bienvenue dans l’univers des guerriers de l’ombre. Honneur, dévotion totale envers son maître et son clan, perte de conscience de sa propre mortalité, telles sont les vertus du ninja. Après un premier opus assez réussi, qui avait attiré l’attention par son originalité, on est assez content de voir que le petit frère suit le même chemin. L’action se situe ici quatre années plus tôt. Vous incarnerez deux enfants élevés dans la pure tradition ninja. Rikimaru, élève modèle, discipliné et sérieux, n’a qu’un seul défaut : il est trop sûr de lui, et pense être plus puissant que ses ennemis. Ayame, plus jeune et plus capricieuse, devra apprendre la rigueur et l’assiduité au travail. Elle est malgré tout très douée. Ils n’ont jamais connu leurs parents, et ne vont vivre que pour venger la mémoire de leur maître, le Seigneur Godha. Un troisième personnage vous attend, si vous êtes assez courageux pour achever les missions précédentes. Tatsumaru se sert d’un bâton, et sa force est de loin supérieure à celle des deux autres…
Notons les nombreuses améliorations. Comme dans le premier, vous avez la possibilité de longer les murs, de les escalader avec votre grappin, de vous déplacer en mode furtif. Et bien sûr de porter un coup fatal lorsque vous prenez l’ennemi par surprise. Mais vous pouvez également déplacer des cadavres pour les cacher, évoluer sous l’eau, et même respirer par un tube de bambou. Les décors et textures se sont diversifiés, et malgré quelques bugs et autres effacements de surface, l’ensemble tient bien la route. On pourrait même dire que c’est assez beau. Il faut signaler que la profondeur de champ est très réduite. Du coup, il est souvent difficile de s’orienter. Heureusement, le compteur de Ki est toujours présent, et vous indique la distance qui vous sépare de vos ennemis. Les mouvements proposés sont suffisamment nombreux, les combats deviennent un vrai plaisir une fois que l’on s’habitue à la maniabilité étrange des personnages. Quant au « coup-qui-tue », vous allez voir que l’on y prend vite goût…
Encore plus étonnant : l’apparition d’un mode éditeur. De quoi créer de toutes pièces des niveaux issus de votre seule imagination. Ce mode est très complet, et les possibilités sont quasi illimitées. Dès que vous finissez une mission, vous débloquez le décor correspondant et vous pouvez vous en servir à votre guise. Placez des pièges, des ennemis, définissez des objectifs ou un temps limité, et lancez-vous dans l’action. C’est assurément le point le plus novateur du soft.
Au final, Tenchu 2 est un jeu assez déconcertant, et très difficile à juger. Il présente tous les aspects d’une vraie bombe vidéoludique, mais collectionne également quelques défauts bien gênants. La visibilité n’est pas toujours claire, et les personnages sont assez difficiles à prendre en main. Par ailleurs, l’aspect aventure n’a pas été assez mis en avant, en tout cas pour les missions d’Ayame et Rikimaru. Pas d’inquiétude cela dit : les fanatiques du Japon féodal ne s’arrêteront pas à ces broutilles et passeront nuits et jours dans les dédales numériques du jeu. Dur dur d’être un vrai ninja…
Petite précision : l’introduction du jeu est sans conteste l’une des plus belles jamais vues sur PlayStation. Pas seulement au niveau technique, mais bel et bien sur le plan artistique, tant la musique et l’action, par contraste, forment un tout d’une grande beauté.