On pourrait croire que c’est le mois des « trois ». On aurait tort en fait, car Tekken est déjà un vieux jeu. Sorti depuis pas mal de temps au Japon et même en France sous forme de borne d’arcade, voilà plus d’un mois qu’il est commercialisé sur PlayStation (la console officielle des Tekken). Plus d’un mois que vous pouvez astiquer vos manettes sur ce jeu supérieur et vous, bernique, vous restez là sans coup férir. Les ventes de Tekken 3 n’ont en effet rien de mirobolant sous nos latitudes. Lassitude ? Les joueurs en auraient-ils marre de la loi des séries ? Si c’est là la raison de l’insuccès relatif de T3, on nage dans la connerie la plus abyssale. Car Tekken est très certainement la saga la plus explosive et implosive d’innovation qu’il nous ait été donné de contempler, et rarement un jeu vidéo aura atteint un tel aboutissement ludique. Jamais un beat’m-up n’aura su générer trois épisodes aussi riches et démarqués les uns des autres. Comparez Tekken 3 à tous ses concurrents -en première ligne, à l’illustrissime Virtua Fighter – pour constater à quel point Namco est hors concours, hors catégorie, hors série, hors âge, original et inégalable. Pour mesurer en années-lumières quelle distance le sépare de tous ces misérables prétendants au titre. Des titres, il n’y en a qu’un : Tekken 3.
Une galerie de mustangs de la castagne comme on n’en voit nulle part. Des graphs et une anim’ qui font reculer au-delà du raisonnable la puissance technologique de la PlayStation. Une apothéose martiale et une technicité épique qui frise le sublime. Un jeu tellement en avance sur nos phantasmes qu’il devance et pare à toute critique éventuelle. Une simple béatitude, muette d’admiration, s’impose alors. Devant un tel brio, un art si consommé et si consommable, que faire d’autre ? Que faire, sinon, jouer pour jouir et jouir pour jouer, jouer pour jouer et jouir pour jouir ?