Pour une raison qui échappe à notre sens pourtant aigu de l’analyse, la vieille série seventies Starsky & Hutch connaît ces temps-ci un incompréhensible regain d’intérêt. Il y a le film avec Ben Stiller et Snoop Doggy Dog, prévu pour 2004, et puis il y a le jeu, qui ne profite sans doute pas du buzz créé par le projet hollywoodien de ressusciter les deux flics pattes d’éph’ -trop éloigné dans le temps-, mais qui surfe indéniablement sur la vague GTA et compagnie. Ca n’est pas le seul qu’on puisse taxer d’opportunisme, Starsky & Hutch ayant au moins le mérite d’opérer un couplage de gameplay assez inédit : un peu de Driver / Midtown madness pour la conduite, et du shoot à la Virtua cop pour éviter le redite. Pas idiot, d’autant que le jeu propose un mode deux joueurs coopératif, avec possibilité d’utiliser les accessoires adéquats, volant + flingue. En solo, par contre, c’est déjà nettement moins évident : ciblage automatique un peu bancal et pilotage mammouthesque viennent assombrir le tableau. On sait qu’on est censé conduire de vieilles bagnoles -dont la célèbre Ford Torino rouge et blanche-, mais le côté brouette / gros cul plombe définitivement une maniabilité déjà bien entamée par la mollesse de l’animation et les ralentis plus ou moins volontaires du moteur 3D. Le jeu n’est pas nullissime, il est juste médiocre, assurant le minimum à tous les points de vue.
Une fois torché le mode histoire -assez rapidement-, les mains ankylosées par le pad gargantuesque de la Xbox, on se demande tout de même à qui peut bien s’adresser ce jeu sorti de nulle part… Première hypothèse (la plus optimiste) : le jeu de Minds Eye est censé titiller la fibre nostalgique du casual-gamer trentenaire en lui rappelant ses dimanches après-midi de merde devant la télé avec papa-maman. Si c’est le cas, il y a un bug quelque part. Malgré la présence inespérée du générique français, l’ambiance funkitsch de la série n’est pas du tout au rendez-vous. La faute à ces cinématiques façons BD franchement hideuses et au doublage atone. Il fallait sortir Francis Lax et Jacques Balutin du formol, au minimum. Plutôt que de demander au stagiaire photocopies et au coursier du coin d’assurer la post-synchro. Deuxième hypothèse (la plus pessimiste, mais aussi la plus vraisemblable) : tout le monde s’en branle. Et du jeu, et de la série.