Mini-jupe latex d’une blancheur virginale, platform-shoes loanesques, nombril à l’air et chevelure fuschia, Ulala est devenue une sex-icon « bis » du monde des jeux vidéo à l’écart des saintes-nitouches à poitrines dantesques des Dead or alive ou des garces armées jusqu’aux dents des survival les plus musclés. Héroïne du musical grâce auquel l’otaku le plus purulent peut se sentir « cool et funky », Ulala nous a scotché à l’écran avec son cri de guerre cultissime : « Chu ! », une injonction typiquement jap’, entre couinement de souris et roulage de pelle. Avec l’enrobage rétro-futuriste seventies et la plastique de son héroïne, cette petite syllabe insignifiante a beaucoup aidé Space channel 5, musical relativement académique, à atteindre le peloton des jeux « cultes », entre débilité assumée, hystérie colorimétrique et indiscutable coolitude.
Avec ce deuxième chapitre, les choses n’ont pas vraiment changé, à quelques subtilités près, il s’agit toujours de répéter inlassablement les séquences de touches de vos adversaires, en rythme, et au bon moment. Les concepteurs du jeu ont juste trouvé de nouvelles façons de décliner l’indéboulonnable « up-right-left-down-chu ». Ils ont même osé apprendre un nouveau mot à leur affriolante reporter : « Hey ! ». Nettement moins folklorique que l’impérissable « Chu ! » mais il faut bien varier les plaisirs.
Pour apprécier pleinement Space channel 5, part 2, il faut tout de même aller au-delà de son attirance naturelle pour la japop-culture la plus criarde. Il faut accepter ses contraintes et son principe basé sur la « rejouabilité ». Comme tout jeu d’arcade qui se respecte, ce deuxième Space channel 5 est aussi court qu’il est fun. Sa difficulté bien couillue parviendra peut-être à bloquer le plus acharné des hardcore-gamers quelques heures s’il est particulièrement agile des phalanges, mais pas plus. Restent pléthore de gadgets, costumes et bibelots pour customiser son Ulala comme une poupée Barbie, à débloquer au fur et à mesure qu’on tourne les niveaux dans tous les sens, un multijoueur coopératif et, surtout, un mode « survival » diabolique. Ca peut sembler frugal mais c’est une philosophie, celle de l’arcade pure, dure et tatouée, un plaisir fugace mais nettement plus vif que celui ressenti face aux habituels soufflés prétentiards et cinématiques. On peut trouver à redire sur la rentabilité du soft… Mais si on accepte le postulat de départ, on peut aussi considérer ce Space channel 5, part 2 comme un petit chef-d’oeuvre du genre et une brillante démonstration du génie artistique et vidéoludique inoxydable du maître Sega.