Quoi de neuf au pays de SoulCalibur ? Leader sans concurrence du versus fighting à arme blanche, le jeu de Namco n’enthousiasme plus beaucoup les foules. C’est vrai qu’on s’est un peu lassé de ces duels, à force. Le cinquième épisode pourrait pourtant bien rallumer le feu de la Dreamcast où le jeu brillait jadis. Avec son nouveau système d’attaque spéciale et de contre, plus technique et rééquilibrant le niveau des matchs en versus, SoulCalibur V remet un peu d’ordre chez les bourrins. On se fera moins laminé par un nouvel entrant massacrant les touches du stick, ce qui dans une certaine mesure pousse aussi l’amateur à mieux réfléchir et progresser. Mais si le jeu est aussi étincelant, beau, riche, fluide, plus dynamique que les deux derniers épisodes, c’est surtout son mode en ligne qui apporte du sel au joueur solitaire amateur de versus. Au matchmaking classique, le jeu ajoute un système de salon par régions géographiques et villes réelles. Ainsi on ira constituer des groupes ou se battre à Londres, Paris, New York, Berlin et Buenos Aires. Jugeant quels sont les meilleurs spots ou coutumes locales. Le système a ses faiblesses (certaines zones dramatiquement vides ; preuve que le jeu peine à trouver son public ou alors on n’était pas là les bons jours), mais traverser cette idée du monde tel le nouveau combattant d’un tourisme digital, transforme le joueur en globe trotter d’une géographie virtuelle se superposant à la réalité.
C’est pas grand chose mais ainsi doté de ce surplus d’actualisation hors de son propre territoire, le jeu prend une dimension d’ouverture étonnante. Les joueurs habitent l’image d’un espace réel. Ils ne sont pas plus ailleurs que sur n’importe quel salon ordinaire, mais symboliquement, et c’est tout ce qui compte, ils battent le pavé des quatre coins du monde, dans la grande tradition initiale de ce qu’était narrativement Street fighter. On ne cachera pas que tout ça est un peu dérisoire, mais que ça ajoute du piquant à un jeu par ailleurs flamboyant et dont le gameplay racé se radicalise. Une occasion aussi pour le jeu de balayer les modes arcade et histoire (un peu ridicules), afin d’insister finalement sur l’essentiel : le combat mano a mano, peu importe que ce soit aux moyens d’une connexion sans fil entre Le Caire et Los Angeles. Face aux poids lourds : SFIV, Kings of fighter ou la dernière rencontre au sommet Street figter X Tekken (on y revient bientôt), SoulCalibur V défend sa licence avec ardeur et méticulosité. Namco a compris quel était l’enjeu désormais du jeu de combat aujourd’hui (plaire au puriste). Pas sûr qu’il éclipse ses gros concurrents au prochain EVO (où le jeu a été sélectionné), mais il devrait sans peine s’y faire une place pour montrer ses subtilités.