Après deux bombes vidéoludiques (PSO, Grandia 2), la Dreamcast s’offre une pause bien méritée et revient dans un grand élan nostalgique vers sa mascotte des origines, Sonic le hérisson bleu. Dans un titre sans prétention qui reprend grosso modo les règles du jeu de l’oie, la sympathique bestiole pousse son chant du cygne et s’apprête bien malgré elle à tirer sa révérence. Une sortie mi-figue mi-raisin bien loin des pulsions frénétiques auxquelles l’animal nous avait habitués.
Sous couvert d’une intrigue bon chic bon genre, Sonic, accompagné de quelques amis débloquables au fil du jeu, doit ici combattre les noirs desseins de Void et empêcher Maginary World de tomber dans l’anarchie la plus totale. Dans la pratique, chaque personnage évolue sur de grands plateaux à la manière d’un jeu de société où chaque case apporte son lot d’épreuves toutes plus tarabiscotées les unes que les autres. Seule nuance notable par rapport à un classique jeu sur table : les dés ont été remplacés par une série de cartes notées de 1 à 6 qu’il est nécessaire de récupérer. Une sorte de plus value stratégique qui donne la possibilité au joueur d’abattre sa botte secrète au moment opportun. Hélas, si les tactiques de déplacement laissent envisager une certaine liberté de choix, les phases de combat s’avèrent extrêmement limitées puisqu’il s’agit simplement de stopper une carte tourbillonnante sur un numéro le plus élevé possible. Difficile de contrer le hasard…
Du côté des mini-jeux, le constat est identique. Pour la plupart très originaux, ils réclament toute votre attention et mettent à rude épreuve votre dextérité pour un seul et même objectif : récupérer le maximum d’anneaux. En dehors des classiques labyrinthes ou jeux de réflexion façon Tétris ou mots croisés, le petit hérisson bleu croise lors de son périple des souffleries de donuts endiablés, des puzzles à gogo et bien d’autres amuse-gueule cérébraux. De quoi l’occuper pendant un bon bout de temps surtout si l’on prend en compte les chargements intempestifs relativement longs et les objectifs parfois un peu flous de ces mini-jeux. Certes, la variété est au rendez-vous. N’empêche, rempiler plusieurs dizaines de fois sur une épreuve dont on ne comprend pas le fonctionnement, ça tape vite sur le système !
Résultat des courses : le fun disparaît aussi rapidement qu’il est apparu, et ce malgré une réalisation générale d’une qualité acceptable. Les personnages s’ornent d’un contour au trait noir dans l’esprit de Jet set radio, la bande sonore colle parfaitement aux actions, pêchue et tendue à souhait, mais la recette ne prend pas, trop éclatée pour donner corps à une mission valable et consistante. Au final, à trop vouloir faire dans le cartoonesque bon enfant et le kilo de divertissement à gogo, Sonic shuffle n’est guère surprenant. Espérons que le hérisson bleu trouvera d’autres cieux plus favorables dans un futur proche.