Mea culpa : dans notre chronique mag de ‘Splosion man (Chronic’art #58, en kiosques), nous regrettions un été moins riche que le précédent sur le XLA. On avait parlé un peu trop vite. Entre l’excellent jeu de Twisted Pixel, Trials HD (on y reviendra) et Shadow complex, le summer of arcade s’est imposé comme une année de grand crus. De quoi largement compenser la disette ludique estivale, une rentrée frileuse et faire du marketplace une destination chaudement recommandable et bien éloignée de l’éventail de jeux apéritifs des débuts. Edité par Epic Games et développé par Chair Entertainement (studio à l’origine du sympathique quoiqu’un peu léger Undertow), Shadow complex prend comme prétexte un roman d’Orson Scott Card (célèbre auteur américain de SF) afin d’accoucher d’un jeu de plate-formes / action bien old-school, mais sublimé par les prouesses techniques de la machine boostée à l’Unreal engine 3. Quelque part entre Super Metroid, Contra et Castlevania pour les références, Shadow complex use surtout, avec style et assurance, de recettes éprouvées : un gameplay 2D en scrolling horizontal renforcé par de jolis effets 3D (notamment par un jeu sur la profondeur de champ), une intrigue minimaliste sur fond de complot crypto nazi, une ambiance futuriste évoquant vaguement Metal gear solid. Rien de très novateur, tant sur le principe de jeu qu’au niveau du récit et son univers, mais une maîtrise quasi parfaite du genre et des influences (Metroid en premier lieu).
A défaut d’être original, Shadow complex est un titre abouti à la réalisation quasi irréprochable. Finesse du level design, utilisation intelligente et dosée des nouvelles compétences pour débloquer quantité de passages secrets : tout est fait pour donner envie d’y revenir et débusquer chaque item caché. Véritable jeu d’esthète, Shadow complex fait aussi plaisir à voir. Techniquement impeccable, le jeu bénéficie d’une finition le hissant au niveau de ce qui se fait de mieux sur le XLA. En dépit d’un scénario banal et d’une mise en scène sans ampleur, Chair offre donc un titre plaisant de bout en bout : fluidité du rythme, splendeur visuelle, gameplay quasi sans failles, c’est du travail propre et carré. La difficulté est un peu complaisante, la progression trop assistée ; peu importe, nous voilà devant un titre d’une efficacité quasi constante qu’on boucle avec un goût de trop peu. Au final, une belle réactualisation des recettes d’antan qui ne réinvente pas la roue mais sait dans quel sens la faire tourner. Comme si un certain classicisme propre au jeu vidéo (celui de l’ère 2D sur 8 et 16 bits, déjà ressuscité avec des titres comme Bionic commando rearmed, Assault heroes, Megaman 9, voire Braid) n’avait décidemment pas dit son dernier mot. Sans doute même a-t-il trouvé dans ces plate-formes de téléchargement où s’écrivent la cinéphilie du jeu vidéo, un refuge où perpétuer la mémoire d’un équivalent ludique à l’âge d’or du cinéma hollywoodien. Pour un peu, on visiterait presque le DLC avec la même gratitude solennelle qu’à la cinémathèque.