Du premier Rocksmith, il restait encore une trace, pas forcément bienvenue de Guitar Hero, aussi bien dans le jeu que dans la mémoire du joueur. Impossible en effet de lancer la série sans devoir faire avec les ruines d’une franchise qui avait connu dans les années 2000 un succès monstre, bâti sur une trouvaille géniale: celle d’assumer pleinement la frivolité du jeu vidéo, et renvoyer du monde du rock une coquille vide, qu’il faut combler selon le seul impératif du scoring. De la guitare électrique à celle en plastique, et des riffs acoustiques aux touches colorées que le joueur actionne, Guitar Hero finissait alors par toucher à la frivolité intrinsèque à le musique elle-même. L’attitude de rockeur, l’ivresse ostensible d’un solo, le succès et les fans, ce sont tous ces aspects dont la série d’Harmonix nous amenaient à nous jouer, comme dans un championnat d’Air Guitar.

 

Si le premier épisode de Rocksmith maintenait encore le scoring, tout comme l’idée de progression d’une chanson à l’autre à la manière d’un niveau classique, payant ainsi son tribut à Guitar Hero au prix d’un certain malentendu, c’est délesté de ses lourdeurs que celui de 2014 s’assume pleinement comme ce qu’il doit être : un simple logiciel d’apprentissage et d’accompagnement, où l’on connecte une vraie guitare ou une basse à sa console via un adaptateur. Là où la série d’Harmonix s’adressait au joueur de jeu vidéo, celle d’Ubi s’adresse ainsi surtout au joueur de musique, dans l’idée de le faire progresser et apprendre à jouer une chanson, et non la singer. Pensés selon cette logique, les mini-jeux de Rocksmith 2014 se révèlent ainsi mieux intégrés, faisant acquérir les techniques nécessaires (bending, slides, gammes, accords…), tout comme l’exécution et la répétition des chansons, découpées par morceaux et difficultés techniques, se révèlent plus efficaces et agréables.

 

Difficile cependant d’affirmer si cette méthode se révèle meilleure ou non pour apprendre à jouer d’un instrument. Disons simplement qu’elle est économique, en vue du catalogue affiché et aussi sans doute dans l’air du temps, à l’heure où le savoir est de moins en moins verticalisé. Reste enfin, pour les joueurs de musique aguerris un vrai plaisir, supplémentaire et inédit : un nouveau mode impro, où il est possible de définir une clé, gamme et un tempo et enfin de choisir d’autres instruments que le jeu fait jouer avec soi. Ici, le joueur pourra tenter une infinité de combinaisons et progresser à partir des gammes que le jeu affiche comme seul point de départ. Pour le reste, c’est au joueur de se lancer, et se libérer des patrons et des modèles à copier. Une manière enfin, de solder une bonne fois pour toute l’héritage de Guitar Hero.