Désormais fait acquis, de Demon’s souls à Valkyria chronicles la compétition des bonnes nouvelles en provenance du RPG japonais réside dans l’émergence ex-nihilo de grandes machines mutantes, sibyllines. A leurs exemples, osons une terminologie ! Ces remarquables illustrations actuelles du genre sont des « tuto-RPG ». Comprendre des jeux-mondes dont l’immanence est immédiate, dont la durée de vie sert à en défier le caractère impénétrable, en maîtriser toutes les aspérités quand d’autres jeux aménagent la découverte de leur gameplay suivant une longue progression. Dernier exemple en date, Resonance of fate ne s’économise jamais et donne tout dès le départ, depuis les menus vitrines de ses chalands (et leur nouvelles armes hors de prix pour qui commence une nouvelle partie) à son tutorial à rallonge qui contient l’intégralité de sa proposition de jeu.
Mêlant stratégie, course et fusillade, le système de combat repose sur la triangulation (deux garçons, une fille trois possibilités) de pistoleros contre des ennemis repartis sur une aire de combat à géométrie variable. En clair, au joueur de lancer au tour par tour chaque attaquant de façon à ce qu’il croise le plus souvent possible la conjonction des deux autres pour gagner les précieux pour de résonance nécessaires à l’envoi d’attaque groupées durant lesquels le trio mitraille les ennemis en réalisant un tour de piste complet, une sorte de home run de la zone triangulée. Vous suivez ? En mouvement, et de façon antinomique à la perplexité engendrée par les premiers pas au sein d’un système aussi novateur, les gunmen défouraillent dans des chorégraphies stylées et fluides que n’aurait pas renié Kitamura. Loin d’être des déclanchements passifs, ces échauffourées mettent également à l’épreuve les réflexes du joueur par la géométrie du terrain qui oblige à sauter par-dessus des plateformes, des ennemis ou encore les faire monter en l’air pour leur asséner des combos exigeant là encore un timing aussi drastique qu’un bon QTE. Autre audace, la découverte de la carte à l’aide de cellules énergétiques (des assemblages de carreaux à gagner durant les combat puis à placer sur la map), à la Risk, permettant de choisir quelles missions et quels lieux rendre accessible.
En analogie parfaite des efforts à consentir pour maîtriser son passionnant système de combat, Resonance of fate narre les aventures de trois chasseurs de prime qui gravissent les étages de Basel, une ville-monde steam punk constituée de mécanismes d’horlogerie. Convoquant la métaphysique de Leibnitz et la décontraction de Cowboy bebop, le beat gunfight (dont Bayonetta – Sega encore – est aujourd’hui le firmament) et le RPG tour par tour, la plateforme et le QTE (déguisé ici en l’équivalent des active time battle de Final fantasy), Resonance of fate est un titre aussi difficile d’accès qu’une nouvelle pierre blanche pour le genre. Ultime coup de bluff sémantique du titre de Tri-Ace : si l’originalité et la féconde complexité de son système de combat n’en constituait pas déjà une preuve suffisante, à Basel, Dieu est un moteur d’horloge.