Malgré le bien très relatif que nous pensons des adaptions filmiques, il faut admettre que la critique à été très dure envers le Resident evil de Paul W.S Anderson. Mettez-vous deux secondes à sa place : comment réaliser un film qui tienne debout avec la contrainte d’être « fidèle » à un jeu qui compile des zombies, un serpent géant, Les Dents de la mer, Les Oiseaux d’Hitchcock, Frankenstein et les X-files ? Le premier Resident sur PSone était un énorme bazar saturé de citations issues des grands Mad Movies. Toute sa force reposait sur son génie à en faire des séquences de jeu stressantes, ludiquement inédites et crédibles. Les éléments les plus marquants de sa narration s’illustraient finalement dans les lignes sombres de notes personnelles dispersées ça et là aux quatre coins du manoir par des scientifiques et des civils. Les autres épisodes, jusqu’à Code Veronica, ont peu ou proue prit la même direction. Celle de la compilation horrifique bourrine et décomplexée, insouciante de sa cohérence scénaristique, sauf à l’occasion de quelques notes éparpillées et superflues. L’entreprise de retisser le lien narratif des différents épisodes à travers cet Umbrella chronicles paraît d’autant plus farfelu.
Et ce n’est pas la moindre étrangeté de ce titre bercé trop près du mur. Rail shooter louchant volontiers sur un House of the dead (lui même s’inspirant de Resident evil, la boucle est bouclée), RE :UC revisite dans les décors et avec les protagonistes d’origine les événements qui vont de RE0 (le préquel gamecube) jusqu’à Resident evil 4 (en oubliant pour d’obscures raisons RE2 ou Code Veronica). Chaque épisode de la saga est scindée en trois chapitres d’un quart d’heure-25 minutes chacun et conclus par des boss. Dans la pure tradition capcomesque, ceux-ci se révèlent difficiles à battre et nécessitent de bien connaître leur patterns. Fatalement, on n’échappe pas à l’effet reader indigeste de ces épisodes résumant en 45 minutes des aventures longues de plus de 15 heures. Tant et si bien que RE : UC, c’est un petit peu les souvenirs des premiers épisodes passés à la moulinette de tata Hughette éméchée et qui se rappelle plus trop. Resident evil 0 ? Ah oui… le train avec le scorpion géant et les sangsues partout ! Resident evil 3 ? Mais bien sûr, la petite Jill en minijupe dans la ville envahie, l’espèce de terminator qui gueulait « staaaaars » et le gros ver de terre ! Etonnement, Capcom se sort plutôt bien d’un exercice de style aussi périlleux. Car, s’il est impossible de retrouver la tension solitaire propre au Resident evil, Umbrella chronicles distille une action RE3 nerveuse et stressante. A ce titre, l’épisode « Destruction de Racoon city » (relatant), constitue probablement ce qui se rapproche le plus d’un pur moment de survival. Les zombies se pressent en rangs serrés vers l’écran, tandis que le joueur compte ses balles. Les occasions de se servir du décor (bidon explosif, véhicules) s’y font aussi rares que les munitions. Un chapitre hardcore, punitif et franchement déplacé dans l’atmosphère happy shooting qui émane du jeu. Car il faut bien l’avouer : RE : UC n’est ni plus ni moins qu’une modeste mais plaisante attraction de forains. Le tour de train fantôme de Tonton Capcom, qui à défaut de souvenirs impérissables offre un ride plutôt bien huilé, long et complet.