Suite de l’épisode précédent : Resident Evil est-il classique ? Ou plutôt peut-il l’être ? Pour se faire à cette idée, il faudrait peut-être oublier que la série a toujours suivie les évolutions techniques du jeu vidéo. En les sublimant, en incarnant à chaque fois une transition synchrone qui était une promesse de renouveau. Peut-être alors que Resident Evil est mort. Que la licence culte de Capcom n’a pas d’avenir. Que le classicisme est pour elle incompatible avec sa nature de jeu repoussant les limites d’un genre qui n’a plus besoin d’elle. On se demande bien alors que faire de Resident Evil. Et Revelations 2, d’ailleurs, ne sait trop quoi répondre sinon répéter, au carré, sa formule ancestrale. Couloirs, portes, objets, coffres, patterns de monstres disséminés selon les variables de l’environnement, Capcom reprend ad nauseam le game design qu’il a toujours maitrisé – tout juste augmenté de nouveautés pour donner le change et ne pas se faire taxer trop rapidement d’archaïsme (voir critique de l’Ep.1).
Le deuxième épisode bouclé, c’est pourtant ce qui séduit dans Revelations 2 : tout y est suranné. Moins classique, donc, que vieillot. Alors, passé de mode ce gameplay ? Daté ce level design ? Déjà-vu ces histoires de bio-terrorisme et ce bestiaire ? Oui, et c’est pourquoi on avance, on fouille, on explore chaque recoin dans l’espoir de voir gonfler les stats, marotte éternelle de Resident Evil, grande machine à scoring. Il y a dans cette répétition quelque chose d’une habitude confortable qui est celle de tous les genres. Les genres que le jeu vidéo aime plus encore que le cinéma, ou la BD, car les mécaniques y sont impérieuses pour que le joueur n’ait pas sans cesse à tout réapprendre. Un joueur souvent amnésique, oubliant qu’il veut toujours moins de la nouveauté que refaire la même chose (d’où son goût pour les licences), parler le même langage (d’où le succès massif du MMO, du RTS ou du FPS), en changeant de cadre, parfois. En oubliant les égarements de modernité foireuse (Resident Evil 6) pour le retour aux origines, Revelations (1 et 2) orchestre ainsi un grand repli sur soi qui condamne en même temps le futur de la licence.
Et si l’avenir de Resident Evil était alors à chercher du côté de Street Fighter ? Dans la répétition du challenge pur ? Seul, ou en coop ? A suivre ? Oui, pour l’épisode 3.