Ce devait être une révolution, la nouvelle référence capable de renouveler le genre FPS, en hibernation depuis le débarquement de Deus Ex, shoot 3D ultime. Bref, Volition (Descent, Conflict freespace) espérait bien régler son compte à Ion Storm (Deus Ex) et Valve Software (Half life). Comment ? D’abord, en s’appuyant sur une toute nouvelle techno : le Geo-Mod, LA bonne trouvaille des concepteurs, soyons clairs. Grâce à lui, il est effectivement possible de massacrer le décor. Vitres, éclairages et machines sont bien entendu pulvérisables, mais la grande nouveauté réside dans le fait de pouvoir gravement amocher murs et parois. Ce qui au demeurant, sur le papier, nous laissait entrevoir de nouvelles possibilités stratégiques intéressantes… notamment en parties réseau.
Problème : alors que les concepteurs tiennent là de quoi relancer le genre, l’exploitation du Geo-Mod s’avère au final extrêmement limitée. Pas une seule fois dans l’aventure solo la progression dans le jeu ne dépend de cette aubaine techno. On aurait pu imaginer, par exemple, que quelques portes condamnées ou autres passages obstrués puissent être contournés en perforant les murs pour y creuser des galeries. Non, inutile. Par ailleurs, nombreux sont les murs indestructibles. Dans ces conditions, c’est surtout en mode multijoueurs (8 joueurs en simultané seulement) que l’on profitera du Geo-Mod, mais pas vraiment avec les maps ici proposées… créateurs de mods, au travail !
Si l’on omet cette fonction, Red faction n’est pas très éloigné d’Half life : en cours de jeu, le scénario est entrecoupé de scènes cinématiques scriptées, pas de transition réelle entre les niveaux, les médecins rencontrés vous proposent la piquouse salvatrice, etc. Une honorable resucée disons.
Vous voici sur Mars, dans un avenir proche. La firme Ultor, unique société à exploiter les richesses naturelles de la planète, malmène ses employés. De véritables larbins à qui l’on impose des conditions de travail totalement insalubres. Pour couronner le tout, une épidémie de peste sévit dans les mines… La rébellion, inéluctable, s’organise sous la férule d’Eos. Vous êtes Parker. En portant secours à un jeune mineur violemment agressé par un garde d’Ultor, vous rejoignez de facto le camp rebelle. Identifié comme tel, la suite des événements s’enchaînent, les gorilles maisons sont à vos trousses. Plus le choix : pour survivre il va falloir régler son compte à Ultor et à ses dirigeants.
Pour se faire, on trouve disséminés à travers les installations d’Ultor tous les éléments habituels de la panoplie du parfait shooter. De la bonne vieille pétoire au lance-roquette à fusion, en passant par le lance-flammes et, naturellement, le fusil à lunette. Quoi de plus jubilatoire, dans le videogame, que le snipping, hein ? Red faction prend en compte la zone d’impact des balles, ainsi faudra-t-il autant que possible viser la tête, ou bien sévir à bout portant mais c’est plus risqué. Globalement, l’ennemi ne pose pas trop de difficulté d’autant plus qu’on doit se contenter ici d’une IA assez faiblarde (danger = fuite, souvent). Néanmoins, quelques bots ou créatures organiques coriaces se cachent dans les mines : pour certains, il convient même d’échafauder de surprenants stratagèmes pour en venir à bout.
De facture classique (dans le genre, No one lives forever est autrement plus original), Red faction présente tout de même quelques originalités qui viennent rehausser le gameplay, comme le fait de pouvoir piloter des véhicules (4×4, extracteur, chasseur Aesir, sous-marin, blindé) ou encore l’introduction en cours de partie de missions commandos particulières. Exemple : en endossant la panoplie d’un aide-soignant, et avec pour seule arme un silencieux, vous devez localiser et arrêter un scientifique fou furieux, responsable d’expérimentations douteuses pratiquées sur des employés de la compagnie. Il faudra la jouer fine en vous infiltrant discrètement dans le bâtiment dont les murs sont recouverts de photos à votre effigie (« Parker, wanted dead or alive ! ») et passer outre les balayages caméras. Enfin, éventuellement, n’oubliez pas de camoufler les cadavres. Ambiance.
A vrai dire, on ne s’ennuie pas un instant avec ce Red faction, mais le soft de Volition n’est certainement pas le FPS innovant attendu. Satanés effets d’annonce…