Il y a toujours eu un immense malentendu avec la licence Metropolis street racer / Project Gotham racing. Celui d’en faire une série rivale, un concurrent direct de l’immense Gran turismo de Polyphony Digital. S’il y a bien quelques petites similitudes entre les deux jeux de courses -un garage évolutif-, on ne peut pas vraiment dire qu’ils courent dans la même catégorie. Gran turismo fait dans la semi-simulation pépère pour amateurs de mécanique. Project Gotham racing, quant à lui, a toujours pleinement assumé son statut arcade, moins pointu mais plus dynamique… Notamment à travers les Kudos, système de notation complètement surréaliste récompensant le style de conduite du pilote -dérapages contrôlés, trajectoire, sauts, etc. Paradoxalement, les Kudos ont progressivement pris de moins en moins d’importance au gré des épisodes, avant d’être réduit ici au niveau de simples « bonus-points » permettant de débloquer de nouveaux véhicules… jusqu’à être relégués dans un coin exigu de l’écran de jeu, presque imperceptibles. Comme s’il fallait peu à peu gommer ce qui faisait jusque là toute l’originalité de la licence. Mais Project Gotham racing n’a tout de même pas complètement perdu son âme. D’abord parce que son système de « défis » divers et variés lui permet de sortir du schéma binaire « course pure / contre la montre ». Et puis il y a ce refus maladif de représenter pleinement l’environnement urbain. La ville n’est en effet envisagée que d’un pur point de vue topographique, exclusivement pensée pour la conduite. Pas d’êtres humains, pas de circulation, à peine quelques piafs dont on se demande comment ils ont pu échapper à une évacuation aussi poussée. Pas de vie. Une représentation ultra-aseptisée, déshumanisée, presque clinique ou post-apocalyptique de la cité qui donne à la série Project Gotham racing un indéniable cachet, immédiatement identifiable. Ce choix esthétique controversé a parfois du mal à passer lorsqu’il s’applique à des villes européennes, culturellement riches (Edimbourg, Florence). Mais il faut bien reconnaître que dès lors qu’on arpente les rues de villes plus modernes et hi-tech (Yokohama, Sidney, Chicago), le parti-pris visuel prend enfin toute son ampleur.
Project Gotham racing 2 ne bouleverse pas vraiment les bases de la série. Il modifie le concept originel en douceur, par petites touches subtiles. La progression du jeu est ainsi moins ouverte qu’auparavant, plus dirigiste, les missions se débloquant par pack de 3 ou 4. Elles fonctionnent toujours sur un système de pari reposant sur des médailles qui ne déterminent plus seulement un seuil de performance, mais aussi un niveau de difficulté plus accru lorsqu’on est confronté à des adversaires. Toujours aussi original et donc aussi peu consensuel -on adore ou on déteste-, moins fluide mais plus beau et plus cosmopolite, Project Gotham racing 2 s’impose désormais comme une référence du jeu de bagnoles sur Xbox, faisant oublier les errements de l’opus précédent, un peu trop calqué sur l’épisode Dreamcast.