On saura toujours gré à Capcom d’avoir voulu perpétuer la tradition des bastons bitmap, même s’il a fini par gravement nous gaver avec ses versions successives de « Street Fighter 3 Alpha Beta Plus plus ». A force de regarder en arrière, l’éditeur s’est fait griller en beauté par Namco et son binôme Tekken–Soul Calibur. Pas cool… Ca n’est sûrement pas avec Power Stone, arrivé à point lors du démarrage de la Dreamcast, que Capcom aura changé la face du monde de la baston, mais une fois de plus, il persiste et signe en nous pondant un nouveau sequel qu’on ne peut raisonnablement pas non plus comparer avec les grands représentants du genre, Soul Calibur ou Dead or Alive 2. Le seul point commun : on s’tape sur la gueule, c’est tout. Ici, pas de coups spéciaux complexes et de combos prises de tête. Par contre, une véritable utilisation de l’environnement 3D, dans un jeu plus axé sur le « fun ».
Passons sur le scénar’ cucul puisqu’il s’agit simplement de se débarrasser de ses adversaires, soit grâce au sempiternel punchin’n’kicking, soit en récoltant les différents objets qui apparaissent sur l’arène : le plus souvent des armes plus ou moins puissantes. Et si ça ne suffit pas, vous pouvez toujours ramasser des « power stones » qui vous permettront de muter en super-héros aux pouvoirs surhumains. Rien de stratégique ou de réflexif ici, plutôt une frénésie perpétuelle et joyeusement bordélique de laquelle il faut sortir vivant. C’est peut-être moins pointu qu’un Tekken. Mais c’est sans aucun doute plus inhabituel et rafraîchissant.
Le point fort de Power Stone 2, c’est qu’à l’opposé des beat ’em all habituels, ce ne sont pas les personnages qui font le distinguo -ils sont tous à peu près de force égale- mais les décors. Entièrement interactifs et évolutifs, les backgrounds sont bourrés d’objets susceptibles d’être balancés ou utilisés sur vos adversaires : caisses, poteaux, panneaux, canons, etc. Tout peut arriver pendant un combat… Des sous-marins qui émergent, des aéronefs qui explosent pour vous laisser vous fritter en chute libre, des temples qui prennent feux, etc. Bref, une série de micro-événements qui apportent une vitalité incroyable au gameplay, surtout si vous jouez à plusieurs.
C’est bien là que se situe l’intérêt de Power Stone 2. Le jeu en solo est loin d’être négligeable, grâce à un mode Aventure de longue haleine au cours duquel il vous faudra collectionner le plus grand nombre d’items afin de pouvoir les mixer les uns avec les autres pour en créer de nouveaux… et de les voir apparaître lors de vos parties ultérieures. Mais Power Stone 2 prend toute sa dimension lorsque vous êtes trois ou quatre autour de la console. Certes, c’est le foutoir… et alors ? Vous vous surprendrez souvent à hurler « mais où chuis, putain !? », comme un gimmick de détresse face à l’incommensurable partouze ludique que provoque le jeu à plusieurs. Les parties s’enchaînent avec une fluidité et une rapidité qui devraient faire école dans le Landernau des concepteurs de fighting games, notamment ceux de l’empesé et surestimé DOA2.
Fort de sa jouabilité irréprochable et de sa réalisation parfaite, Power Stone 2 prouve une fois de plus que Sega a eu raison de jouer la carte de la contre-programmation face aux deux géants Sony et Microsoft, qui vont se disputer âprement le grand public familial avec la PlayStation 2 et la X-Box. La DreamCast est définitivement LA machine d’arcade pour core-gamers avide de fun furieusement décomplexé.