Ce petit chat rigolard est un vieil ami. On l’a fréquenté sur mobile grâce à Pix’n Love Rush, sur Xbox 360 avec Pixel! On l’a retrouvé l’an dernier, subtilement relooké, à la Cité des Sciences et de l’Industrie en vedette inattendue de « Jeu vidéo, l’expo » dans un titre multi frénétique et fascinant conçu pour l’occasion. Ou, plus exactement, dans une version spéciale de ce qui allait devenir Pix the Cat, le jeu désormais disponible sur PS4 et Vita qui devrait enfin faire de la mascotte (ou quelque chose dans le genre) du studio parisien Pastagames (Maestro! Jump in Music, Rayman : Jungle Run) l’égal des plus grandes stars du jeu d’arcade eighties : Pac-Man, Frogger, Dig Dug, Q*Bert…
A moins qu’il ne le soit déjà et que Pix the Cat ne nous arrive directement de l’âge d’or du genre ? Serait-ce un trésor étrangement oublié des retro-gamers les plus érudits et miraculeusement retrouvé dans un grenier entre deux cartes poussiéreuse de Mr Do et de Galaga ? Evidemment, c’est faux, l’abondance de niveaux et de modes de jeu (à débloquer grâce à nos compétences ludiques, pas de passe-droit ici) comme les effets visuels et sonores (ça grossit, ça rétrécit, ça flashe, ça clignote et on sourit) sont là pour le prouver : Pix the Cat est bien une production de 2014. Mais qui, à l’image de Pac-Man Championship Edition ou de Space Invaders Extreme, emprunte ses idées au passé. Ne pas en déduire pour autant qu’il s’agirait d’une sorte d’exercice de style platement nostalgique, façon « souvenez-vous comme c’était bien le temps des gros pixels et des jeux où on faisait rien qu’à recommencer au début parce qu’on perdait tout le temps ». Non : Pastagames part de là, reprend le fil d’une histoire interrompue (aux efforts de quelques artisans indés près, comme Kenta Cho) mais fait des nœuds avec, le repeint de toutes les couleurs, le tire dans tous les sens et, miracle, ledit fil ne craque pas mais s’allonge, se déploie, se démultiplie et dessine des formes inouïes. Le résultat n’est pas un jeu d’hier même s’il en possède la saveur mais, transformiste et multicouches, simultanément frontal et méta, baroque et rococo et néon et karaoké à la fois, un jeu de demain.
Nous, en revanche, contrairement au fil, on craque un peu, par moments, quand on rate d’un rien le parcours idéal dès le troisième tableau, hypothéquant ridiculement tôt nos chances d’exploser notre record – ces choses sont importantes. C’est rageant, sauf que la possibilité de s’y remettre immédiatement, elle, réchauffe le cœur. On en a presque oublié d’exposer le principe de Pix the Cat. Rien de grave : comme pour tout classique (immédiat, en l’occurrence) de l’arcade, ça ne prendra pas bien longtemps. Vous dirigez donc le chat Pix dans des labyrinthes (salut, Pac-Man) où il ramasse des œufs qui éclosent immédiatement pour former un troupeau de canetons qui le suit (coucou, Flicky) et qu’il doit déposer dans les cases conçues à cet effet sans entrer en contact avec sa file de volatiles (hello, Snake). Ça n’a l’air de rien, mais pour préserver notre chaîne de combos et faire grimper le score, il faudra anticiper nos mouvements, éviter les pièges (au début, aucun ennemi en vue, mais seulement au début) et ne pas perdre de temps. Sauf que vous savez quoi ? Le temps n’est jamais vraiment, jamais irrémédiablement perdu. 1984, 2014, 2044, etc. Pix le gentil chat, petit plaisantin proustien, l’a retrouvé pour nous.