Le problème avec cette nouvelle tendance « adult-gaming », c’est qu’on finit par ne plus vraiment savoir s’il s’agit d’une réelle volonté de porter le jeu vidéo à maturité ou de cibler l’ado pipi-caca en pleine phase de rébellion. Outlaw golf fait indubitablement partie de la seconde catégorie au même titre que le très alléchant Dead Or Alive Xtreme Beach Volleyball de Tecmo. Sauf qu’ici, on parle de golf, sport on ne peut plus coincé du cul, plus propice aux délires gentillets lorsqu’il penche plus du côté de l’arcade que de la simu pure et dure -cf. l’excellent Everybody’s golf-, mais nettement moins indiqué que le beach volley pour sombrer dans le bouncing breasts à tout va. Les développeurs d’Hypnotix n’ont pas fait dans la dentelle pour dévergonder ce sport bobo : on remplace le Tiger Woods habituel par des putes à gros nichons, quelques lesbiennes lascives, des maîtresses asiatiques SM flanquées de gros lards fringués cuir en guise de caddie, de la racaille, de l’alcoolo et le tour est joué. Le résultat est pour le moins surprenant, d’autant que les parcours, s’ils ne sont pas forcément classiques, restent étonnamment sages. Tout l’intérêt esthétique d’Outlaw golf réside donc dans le décalage entre des golfeurs franchement délurés et un décor plutôt convenu.
Voilà pour le cul, reste la violence, tout aussi déconnante, puisque les joueurs ont la possibilité de se défouler sur leurs caddies après plusieurs coups foireux, au cours d’un mini-jeu très basique. Evidemment, ça ne va jamais très loin, on reste sur le terrain très balisé de la baston cartoonesque, entre coups de boules, coups de griffe, et crêpage de chignon. Outlaw golf ne tombe jamais dans la subversion et frôle à peine les frontières de l’humour trash. On regrettera juste que les développeurs n’aient pas poussé plus loin la vulgarité de leur propos, quitte à tomber dans le mauvais goût le plus extrémiste. L’expérience reste tout de même sympathique, du moins en ce qui concerne l’emballage… C’est véritablement du côté gameplay qu’Outlaw golf pêche le plus à force de ne pas vouloir choisir son camp : alors qu’on s’attendait à un clone d’Everybody’s golf, les concepteurs ont cru bon de faire pencher la balance du côté simulation. Le principal grief qu’on puisse faire à la maniabilité, c’est de devoir exécuter les swings au stick analogique. Alors que chez la concurrence, on se contente de jauger la puissance, ici il faut aussi axer son tir. Si vous n’êtes pas suffisamment adroits pour tirer le stick vers l’arrière et le pousser droit en avant, vous risquez de rapidement balancer la manette à travers la fenêtre. On passe le plus clair de son temps à shooter la balle à droite à gauche, et même si on finit plus ou moins par choper le coup, les adversaires alignant birdie sur birdie, le jeu reste incroyablement frustrant. On peut admettre que l’utilisation du stick analogique se rapproche des véritables sensations du golf, malheureusement, dans le cadre d’un jeu à l’optique arcade et déconnante, ce souci de réalisme fait un peu tâche et gâche irrémédiablement tout le potentiel de fun du titre.