Il aura fallu 4 années à l’équipe d’Appeal pour venir à bout de cet ambitieux Outcast. Force est de constater que le résultat vallait l’attente. Gardons-nous bien toutefois de parler, comme d’autres, de révolution dans l’aventure-action 3D. Disons simplement et honnêtement que la dernière production d’Infogrames redonne du souffle au genre, et c’est déjà pas si mal.
2007. Vous êtes Cutter Slade des services spéciaux de la marine -voix française de Bruce Willis comprise. Avec 3 scientifiques, vous êtes dépêchés dans un monde parallèle pour régler un sérieux problème de dysfonctionnement temporel engendré par le lancement d’une sonde. Il s’agissait justement de prouver au peuple l’existence du dit monde parallèle, c’est chose faite ! Tout ça a donc plutôt mal tourné à tel point que le contrecoup énergétique a donné naissance à un trou noir qui ne cesse de grandir et de mettre la Terre en danger. Voyez le bins ? On ne va pas trop être regardant sur le scénar, ça n’a franchement pas grande importance. Le fait est que vous vous retrouvez de toutes façons dans le monde d’Adelpha, à la recherche de la sonde disparue. Seul, dans un premier temps : vos collègues ont atterri Dieu sait où dans le monde des Talans, les autochtones. Pire, votre attirail technologique étant éparpillé dans les 6 régions qui le composent, vous n’avez même pas la possibilité d’entrer immédiatement en contact avec eux. Misère… Une chance finalement que votre HUD (Head up display) soit toujours à disposition et fonctionne toujours à merveille. Comprenez : il s’agit là du centre névralgique de tout votre équipement. Grâce à lui, vous pouvez user quand bon vous semble de l’indispensable advisor (barre de vie, icône contextuelle, boussole, niveau d’oxygène, détection et intégration de nouveaux objets). L’engin dresse des cartes précises et gère de surcroît votre armement et le système de visée. Notre homme stocke par ailleurs une quantité hallucinante d’accessoires et d’objets dénichés au sol dans son sac réducteur miniaturisant -formidables nanotechnologies…
Ranzaar l’enneigée est la première région visitée. En fait, le tutorial : Cutter-Willis rampe, plonge, nage, saute, escalade, vise et shoot (préférez ici une vue à la première personne, plus efficace). Une série d’épreuves vous familiarise avec chacune des situations.
Vous est également révélée l’ampleur de la mission. Car tout ne va finalement pas se passer comme prévu. Avant de pouvoir compter sur l’aide des autochtones pour régler vos problèmes, il va falloir régler les leurs : Fae Rhan, un Talan devenu maître d’Adelpha par la force, a réduit à l’esclavage toutes la populace. Du coup, tout le monde bosse pour enrichir cette enflure et nourrir les soldats Talans qui le protège. Parce qu’il n’y a pas plus fataliste qu’un Talan, personne ne mettra fin à ce cercle vicieux et infernal en brisant la chaîne de production pour affaiblir les soldats et tenter l’insurrection. Non, on attend simplement que se réalise la prophétie du grand Shamaz Zokrace qui veut que l’Ulukaï (l’Elu) descendra un jour du ciel pour écraser Fae Rhan et rendra sa liberté au peuple. Vous l’avez compris, Ulukaï, c’est Cutter. Ainsi en ont décidé les Talans. En conséquence de quoi il faudra éviter de jouer les durs avec eux si vous voulez préserver votre bonne réputation, de fait établie, et profiter de leur gratitude. Sans leurs précieux renseignements, vous n’irez pas bien loin dans Outcast. Il faudra entamer la discute avec la quasi totalité des personnages rencontrés -ainsi que se refaire régulièrement une santé chez les Shamaz et renflouer ses stocks de munitions chez les recréateurs. D’autant qu’en marge de la mission centrale, le jeu propose un grand nombre de sous-quêtes. Histoire de gagner quelques zorkins (la monnaie locale) ou de se voir offrir un matériel spécifique (un PPS pour user de l’invisibilité, un Ubik-OA pour feinter avec son hologramme ou encore un téléporteur F-Link…), on peut bien aider un paysan à retrouver son twôn-ha errant (sorte d’autruche que les Talans apprivoisent pour chevaucher ou pour leur faire transporter les lourds sacs de Riss), ou un esclave à dynamiter une mine pour qu’il puisse s’occuper à en reconstruire une nouvelle… Ne perdez pas de vue ceci dit que l’objectif principal consiste à contrecarrer les noirs desseins de Fae Rhan. Sinon, pas de sonde et adieu la Terre !
Outcast a ceci d’étonnant que la résolution des quêtes paraît évidente, voire extrêmement simple. Or il n’en est rien : pour accomplir une tâche, il vous faudra d’abord en venir à bout d’une autre, qui elle-même nécessite la résolution d’une énigme au préalable, etc. C’est parfois à ce point alambiqué que c’en est décourageant. Pourtant, c’est précisément ce qui fait tout le charme et l’intérêt du jeu. On passe ainsi facilement d’une mission à une autre et d’une région à l’autre (par l’intermédiaire des daokas, sas d’énergie spatio-temporels) sans pouvoir réellement se concentrer sur un seul et même objectif. On ne s’ennuie donc pas dans Outcast et vous n’êtes pas prêt d’en voir le bout, croyez-moi. Au total, le joueur doit arpenter en long et en large 5 vastes régions (+ Ranzaar donc, mais c’est peanuts !) aux particularités bien distinctes. A noter l’excellent travail graphique réalisé par Appeal, chacun des mondes possédant sa propre faune et flore : Shamazaar et ses terres vertes et fertiles (ici, on dit « rissières » pour rizières), Okasankaar et ses marécages, Motazaar et ses reliefs volcaniques. Le désert, quasiment. Tout le contraire de Talanzaar, véritable centre culturel et commercial d’Adelpha où s’entasse, dans la ville d’Okriana, la majeure partie de la population Talan. Laissons enfin planer le mystère s’agissant d’Okaar, l’ancien monde de la forêt… Incroyablement beau. Et enivrant, notamment grâce à la somptueuse musique composée par Lennie Moore et interprétée par l’Orchestre symphonique et les Chœurs de Moscou.
Toutes ces régions regorgent d’animaux plus ou moins hostiles : des fidèles twôn-ha à ces fauves enragés que sont les gamors, en passant par les sannegtas qui sillonnent les mers et vous tuent net d’un seul coup de mâchoire. Parmi les Talans, rassurez-vous, vos adversaires sont clairement identifiables. Les soldats ont beau être myopes, Cutter est lui aussi facilement repérable avec son t-shirt orange moulant arborant le symbole Ulukaï… Côté bastos, notons qu’il y a de quoi faire quelques substantiels dégâts : si le « simple gun » ne fait quasiment pas de mal à une mouche, que dire du « boomer gun » -upgradé au niveau 2, on peut griller du Talan à l’obus !- ?
Outcast n’est pas exempt de tous défauts. Rien de bien méchant, mais l’on se retrouve parfois bloqué dans le décor 3D. Par ailleurs, les zooms caméra ne sont pas toujours adaptés aux situations. Pénible lorsque Cutter disparaît purement et simplement de l’écran en pleine action…
Pour finir, sachez qu’il est un objet dont l’intérêt surpasse de loin celui de tous les autres : le Gaamsaav. C’est du Talan, mais phonétiquement parlant, facile de voir de quoi il s’agit… néanmoins, méfiez-vous car quelques secondes sont nécessaires pour l’activer. Pendant ce laps de temps, Cutter est immobile. Repérez donc les endroits tranquilles, usez et abusez-en !