Comment ne pas profondément jalouser ces grands découvreurs du Pacifique que sont Lapérouse, Dumont d’Urville, Bougainville et James Cook ? Le Royaume suffoque, la France de Louis XV vient de perdre la Louisiane et le Canada, la flotte anglaise domine les mers, les Espagnols érigent d’effroyables monopoles commerciaux aux Amériques, les Hollandais contrôlent l’Indonésie et tout le monde s’acharne dans une conquête effrénée du fameux Continent Austral… De 1766 jusqu’à la première moitié du 19e siècle, de gigantesques expéditions navales sont organisées sous la protection des grands souverains et c’est précisément ce qu’à choisi de nous conter Index +, mais du point de vue des océaniens.
Nous voilà donc plongés dans le décor dès le sommaire : une première partie de l’écran nous situe sur des cartes de l’époque et autorise l’utilisateur à zoomer sur les points de départ et d’arrivée des explorations, en Europe et en Océanie. Une seconde partie de l’écran présente une illustration panoramique, en VR, des lieux visités : Tahiti, la Nouvelle-Irlande, la Nouvelle-Guinée, Timor, Bornéo, Java… En cliquant sur les découvreurs qui s’affichent en transparence dans le décor ou sur les objets disséminés dans l’illustration, on accède à des films d’animation, les incantations, ou à des témoignages, les carnets de voyage. Dans les incantations, un mystérieux ancêtre océanien nous expose des faits particuliers vécus par les explorateurs, comme l’arrivée de Cook à l’île de Pâques en 1774. A l’inverse, les mêmes situations nous sont livrées par les navigateurs dans les extraits du carnet de bord. Deux points de vue pour une aventure unique et palpitante résumé ici, un peu rapidement, en dix étapes-clés.
Fort logiquement, l’utilisateur trouvera en marge de ces énoncés une conséquente base documentaire : les cartes et les sites, les hommes, les expéditions (des tracés de voyages de l’Astrolabe I et II à celui du Resolution), les contextes et un indispensable cabinet de curiosités où nous sont présentés, pêle-mêle, les objets et les usages océaniens. Egalement disponible, une frise chronologique, consultable à tout moment, s’étend de 1766 à 1842 et présente, année par année, quelques événements politiques, sociaux, culturels, religieux, militaire ou philosophiques majeurs.
Notez hélas que les productions à priori les plus prestigieuses ne sont pas à l’abri de grossières erreurs : dans la biographie de Cook, on apprend qu' »en 1179, [il] est assassiné par les naturels en 1179 à Hawaï ». Une répétition et une grave boulette chronologique ! Dommage… Loin d’être essentiels enfin, des ateliers de jeux un tantinet débilitants finissent de compléter l’œuvre -il vous faudra armer correctement un bateau d’expédition et faire du troc par exemple… C’est tout de même assez regrettable que ces jeux, forcément limites, soient dorénavant omniprésents dans la production actuelle, sous prétexte qu’il faille plaire à toute la famille.
Bref, comment ne pas profondément jalouser ces grands découvreurs du Pacifique, donc ? Peut-être que cette réalisation vous rappellera très justement combien, en général, les destins de ces navigateurs s’achevèrent de manière assez tragique : Ahuturu meurt de maladie près de Madagascar en 1771, Cook est donc assassiné en 1779, d’Entrecastreaux succombe en 1793 à la dysentrie et Dumont d’Urville est tué en 1840, avec sa femme, dans un accident ferroviaire. Tristes sorts, non ?
Océanie
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