Faites une croix sur Lara Croft, la nouvelle star du videogame, c’est Cate Archer, nettement plus crédible et plus chic que la bimbo de chez Core. Evidemment, No one lives forever n’y est pas pour rien dans cet engouement.
Nous voilà dans les 60’s, en pleine guerre froide. Cate Archer, que vous incarnez, est un agent de l’UNION, une organisation internationale ultra-secrète chargée de protéger l’humanité contre les psychopathes et mégalomanes déterminés à dominer la planète. En ce moment, c’est le C.R.I.M.E. (organisation dont le sigle explique assez bien la nature et les intentions) qui lui pose directement problème. Un certain Dimitri Volkov a effectivement éliminé plus de la moitié des agents de l’UNION éparpillés aux quatre coins du globe. L’homme est a priori en cheville avec le C.R.I.M.E., qu’on imagine donc bien renseigné à propos des affaires secrètes de l’agence… Jusqu’à aujourd’hui, on a refilé à Cate, une femme n’est-ce pas, que des tâches secondaires. Parce que les effectifs sont réduits, c’est elle qui va se charger de retrouver Volkov et d’élucider le mystère des meurtres en série. Malgré le haut degré de scepticisme de certains membres de la direction, ainsi que de quelques collègues masculins quant à sa capacité de faire l’affaire s’agissant de cette délicate opération…
NOLF se joue tout du long du machisme ambiant, imputable à l’époque, et que l’on retrouve à la loupe dans les films d’espionnage (James Bond) et séries TV (Chapeau melon et bottes de cuir) des années 60-70. Ce qui se traduit par une flopée de séquences cinématiques drolatiques à souhait. Rien de poussif pour autant, NOLF distille une ironie toute raffinée, bien éloignée d’Austin Power auquel on a vite fait de penser si l’on se fie au packaging du jeu.
Bref, Cate a toujours le dernier mot. Pas de doute, elle sait y faire pour faire taire les rigolos de service, certains de séduire la belle à la première vanne assénée. Du style le playboy Ultra-Brite à la chemise vert fluo associé à Cate le temps d’une mission. Par ailleurs, la donzelle sait se servir de ses atouts physiques pour séduire l’ennemi, obtenir des renseignements, faire diversion. N’oubliez jamais qui vous incarnez…
P38 Shepard, revolver Petri Airweight, mitraillette Hampton, la grande classe, jusque dans l’attirail offensif. Raffinement et subtilité dans les gadgets également qui lorgnent carrément du côté de 007 : lunettes photographiques, briquet soudeur, rouge à lèvre explosif, parfum à gaz soporifique, effaceur de cadavres, etc. Quel plaisir que de faire escale entre chaque mission par l' »Atelier du père Noèl » pour tester les dernières trouvailles des scientifiques de l’UNION !
On s’emballe, n’empêche que dans la pratique, NOLF n’est rien d’autre qu’un quake-like. Passée l’intro, à vrai dire, ça commence plutôt mal même : la première mission consiste à shooter à vue sans se déplacer les agresseurs qui tournent autour d’un ambassadeur abruti et sourd. Curieuse entrée en matière… La suite rassure donc.
Mieux, elle nous enchante. Un quake-like certes, seulement là où d’autres se contentent de privilégier l’action -quitte à dénigrer, voire purement et simplement supprimer, les parties solo- ou s’acharnent sur une réalisation technique douteuse -précisément le rendu du moteur- pour finalement massacrer la jouabilité, les concepteurs de chez Monolith ont pris le parti de bâtir un vrai scénar évolutif propice à l’immersion totale. D’autant que la concentration et la discrétion sont de mise, même s’il est difficile de se la jouer « ninja » jusqu’en fin de niveau. Quoi qu’il en soit, les bases ennemies investies fourmillent de spots pivotants et de caméras infrarouges. Un poil dans le champ de surveillance et l’alarme retentit. Idem lorsque vous éliminez bruyamment un adversaire, ou que vous laissez traîner la dépouille d’un ennemi bien en apparence (d’où l’utilité de l’effaceur de cadavres…). Les missions vous entraînent parfois dans l’eau, mais aussi dans les airs : il vous faut à un moment quitter un avion sans pilote, ce qui donne lieu à une bien belle séquence de shooterie en chute libre, avant de pouvoir s’agripper à un agresseur pour lui subtiliser son parachute…
Le graphisme, tantôt ultra flashy/coloré ou franchement sombre façon Deux Ex, et l’ambiance sonore ne sont pas en reste, apportant leur pierre à l’édifice. Parfait pour une histoire digne des plus grands polars d’époque. Du coup, le jeu a beau être totalement linéaire, vous n’êtes jamais au bout de vos surprises. No one plays forever ?