On accroche ou non, mais reconnaissons que le série des Might and Magic ne laisse pas vraiment le joueur indifférent. Comprenez que deux types de réaction définitives sont envisageables aux vues de l’ouvrage : le rejet pur et simple ou l’adhésion profonde, incontrôlée et incontrolâble. Prudence car la seconde option s’avère à la longue assez fâcheuse pour votre entourage…
Évidemment, et c’est un point qui le caractérise, M&M est laid ! Qu’il s’agisse des tout premiers épisodes ou de ce 6e opus, franchement dégueux. Sachant en outre que tout le monde n’apprécie pas forcément le jeu de rôles, disons que cela suffit à repousser brutalement un certain nombre de joueurs. Pourtant, ceux-ci passent à côté de grands moments, car qu’on se le dise, ce M&M VI est prenant comme c’est pas permis !
Le roi Roland a mystérieusement disparu et la dynastie du prince régent Nicolai Ironfist I vacille méchamment. A tel point qu’il se murmure à tout va dans la populace que les Ironfist ont perdu « Le Mandat céleste ». Une présence maléfique semble être à l’origine de tous les maux qui ravagent les terres d’Enroth, décidément jamais tranquilles : inondations, tremblements de terre, invasions de monstres venus du ciel (délire !)… la totale quoi. Bref, on baigne dans l’originalité. Reste quand même une énigme palpitante à résoudre dans cette ambiance « fin du monde imminente » : qu’est-il donc arrivé exactement au roi Roland ?
Rappelons pour tous ceux qui vont ici découvrir la série qu’il s’agit de malmener quatre personnages à travers des villes, mais surtout des donjons, très peu recommandables. Au fil des quêtes (une bonne centaine ici avant d’arriver à vos fins…), ceux-ci récoltent de l’or et des points d’expérience leur permettant de changer de niveau, soit d’augmenter leurs compétences, leurs points de vie et de s’offrir la panoplie du parfait aventurier (armes, armures, objets magiques…). Un jeu de rôles donc, c’est bien ça. Mais à la différence de certaines productions micros bâclées, M&M a le mérite de rester totalement fidèle à l’esprit du JDR sur table. Et même d’en tirer efficacement parti, à la fois, dans la création des personnages (ne surtout pas négliger cette partie !) et dans l’évolution de la campagne.
Que votre équipe soit composée d’un chevalier, d’un paladin, d’un archer, d’un sorcier, d’un prêtre ou d’un druide, vous partirez de toutes façons de zéro. Là aussi, c’est un aspect du jeu qui rebutera les moins patients car vous n’avez pas fini de perdre deux ou trois membres de l’équipe achevés par de minables et pathétiques gobelins. Heureusement, il s’agira plus souvent de perte de conscience. Avec l’aide de quelques prêtres, la situation est récupérable. Rassurez-vous, qu’ils soient 2 ou 30, ces gobelins vont très rapidement ne plus du tout vous poser de problèmes (avec un bon archer et quelques sorts bien sentis, vous ne devriez même plus avoir affaire à eux en corps à corps). En revanche, vous ferez petit à petit de nouvelles rencontres nettement moins plaisantes, c’est évident…
Mais c’est avant tout l’intérêt du jeu qui justifie à lui tout seul le fait de s’y attarder sérieusement. Le territoire à explorer (la terre d’Enroth) est gigantesque et quelques bonnes heures auront déjà défilées avant que votre équipe quitte le premier village (Sorpigal la nouvelle) et ses donjons environnants… Plus de 100 PNJ (personnages non joueurs, que vous pouvez enrôler dans votre équipe à l’occasion -par 2 maxi) croiseront votre chemin. Et tout ce petit monde garde en mémoire vos dires et vos allers et venues.
Venons-en pour finir aux points forts de ce M&M VI. Deux nouveaux moteurs sont dorénavant utilisés. En extérieur (Horizon), outre les 360°, le jeu offre la possibilité d’effectuer des déplacements verticaux pour… voler tiens ! Dans les donjons (Labyrinth), de gros efforts ont été réalisés puisque le moteur associe maintenant des sources lumineuses et de véritables sprites 3D. Tout est relatif bien entendu, oubliez donc Unreal deux minutes, Ok ? M&M VI est donc plus joli dans l’immonde et nettement plus agréable à manier tout court.
Croyez-moi, cela suffit amplement pour apprécier la profondeur du scénario, l’intérêt incroyable que procure le soft. Au final, un jeu qui ne fera pas l’unanimité (mais tout ce qui n’est pas grand public mérite forcément l’attention, ami lecteur, n’est-il pas ?), mais incontestablement les grandes heures micros des aficionados. Personnellement, et je n’avais pas vraiment besoin de ça en ce moment, je suis piégé, totalement envoûté par la campagne. Et dire que M&M VII est déjà en phase terminale de réalisation… Ras le bol des jeux vidéo qui pourrissent une vie !