Total Annihilation à peine achevé, Starcraften tâche de fond, vous frisez la saturation instantanée du cortex à la seule perspective de passer à nouveau des heures entières sur un autre jeu de simulation. Les spasmes et vertiges contenus, l’angoisse existentielle subsiste. Faudra-t-il une fois de plus perdre un temps précieux à collecter des soi-disant ressources indispensables et élaborer toute une panoplie d’armes dévastatrices, pour finalement envoyer toutes ses unités dans un carnage apocalyptique ?
Dix packs de Coca-Cola et trois giclées de dopamine plus tard, le constat semble amer. Metal Conflict, nommé ironiquement en VO Metal Fatigue, ne faillit pas à la règle. Le dernier jeu de Psynogis sur plate-forme PC exige de collecter les ressources nécessaires. Conscients de la lourdeur et du peu d’intérêt de ces étapes obligatoires, les concepteurs ont eu l’idée géniale d’implémenter diverses options. Un mode pré-campagne rend possible l’élaboration de structures et d’unités avant le rush de l’affrontement final. Autre gain de temps précieux : la récupération du minerai n’exige plus les allers et retours incessants des véhicules et se voit donc créditer en temps réel. Libéré des contingences matérielles, la rage au ventre, le joueur peut à loisir se consacrer à la gestion des unités tactiques et s’apprête à se jeter dans une quête de liberté et d’indépendance dignes, selon lui, d’intérêt. Malheureusement, rien de bien innovant non plus dans ce domaine. Une technologie extraterrestre oubliée aux capacités révolutionnaires, une alliance fragile entre corporations avides d’un pouvoir absolu, trois frères ennemis tracent rapidement une intrigue minime et convenue. La mise en route est naturellement des plus aisées et l’interface, connue de tous, très intuitive. Quant aux différentes missions, elles s’organisent comme à l’accoutumée en objectifs précis, en diverses zones à explorer, qui définissent chacune les stratégies à adopter. La progression au fil du jeu apporte son lot de nouveautés technologiques plus puissantes et plus dévastatrices. Un seul regard de la gestion de la 3D semble expédier cet opus aux oubliettes tant la beauté des textures et des effets de matière d’un Dark Reign II lui sont supérieurs.
L’innovation majeure de cet énième RTS est la gestion complètement modulaire des affrontements. A l’inverse de la linéarité rencontrée dans ce type de jeu, ce n’est pas une, ni deux, mais trois cartes que doit assimiler et diriger le joueur. Trois modes aérien, terrestre et souterrain, ayant chacun leurs spécificités propres, apparentent cet opus à la première production ludique réellement multitâche. Maîtrise parfaite des raccourcis clavier, rapidité d’action et intelligence tactique sont les outils indispensables à une réussite possible, sous peine d’assister, impuissant, à l’invasion ennemie surgissant au beau milieu de son fief. Autre point fort du jeu : les unités classiques se voient accompagnées de « combots » géants dans le plus pur esprit de Robotech ou Gundam Wing. Entièrement configurables, ils ont la possibilité lors de combats acharnés de récupérer les morceaux ennemis et de les utiliser directement. Outre la beauté destructrice des combats entre méchas, leur production automatisée, leur capacité d’évolution et de combinaison sont une réussite indéniable et prodiguent une réelle jouissance.
Produire une multitude d’escouades et les envoyer vers une mort certaine dans un déluge de feu, de membres déchiquetés sont certes des options envisageables. Mais l’intérêt majeur de Metal Conflict réside quand même dans sa propension à offrir un réel jeu tactique et stratégique digne de ce nom. Parfait en mode solo, il acquiert une richesse jusqu’alors inégalée en mode réseau, et prépare de belles nuits blanches en perspective. Les yeux explosés sur l’écran, le cerveau boosté à l’endomorphine, les doigts frémissants, le gamer en fin de nuit aura vite fait de griller ses derniers neurones. En cas de surchauffe partielle, upgrade ou overclocking recommandés.