Dans le genre FPS, c’est une constance : quelque soit la qualité et l’intérêt du jeu, de par son principe de jouabilité immédiate et sa simplicité d’utilisation, le gamer y trouve toujours son compte, qu’il s’agisse -prenons les extrêmes- d’une franche partie de nettoyage (Serious Sam 2) ou d’un shoot tactique (Swat 3). C’est précisément entre les deux que l’on casera Medal of honor : débarquement allié (MOHDA), FPS transfuge du monde console qui vient sans conteste reléguer la dernière shooterie en date d’ID Software, Return to Castle Wolfenstein, au rang des FPS ordinaires. Car les deux jeux ont en commun de plonger le gamer en pleine Seconde Guerre mondiale, à l’assaut des nazis. Quand Wolfenstein s’appuie sur un scénar basé sur les élucubrations scientifico-mystiques SS, MOHDA, s’en tient lui à une phase historique et offensive plus classique et réaliste : celle, comme son titre l’indique, du débarquement des forces américaines sur les côtes normandes en 44. Vous incarnez Mike Powell, un ranger fer de lance de la libération de l’Europe, et foulez donc le sable et la terre du Vieux continent pour repousser l’occupant allemand.
A priori, MOHDA se présente comme un shoot 3D assez classique si l’on s’en réfère aux dernières réalisations du genre : armes WW2 traditionnelles (fusil automatique Browning, lance-roquettes antichar, fusil à pompe Winchester, mitrailleuse, etc.), véhicules utilisables à foison (jeep, char Sherman, tank Tigre Royal…) et moteur Quake 3 du plus bel effet. La routine du gamer en somme. C’est à peu près ce que retiendra le chaland en découvrant à la va-vite la démo du jeu au rayon micro de la Fnac, sans se douter un seul instant qu’il s’agit là en vérité de l’une des plus intenses tranches de vie vidélodiques du moment.
Des les premières minutes, l’immersion est totale, notamment grâce à l’existence de scènes scriptées qui plantent le décors et le contexte. Batailles, assauts ou défenses de villages, intrusions en territoire conquis, infiltrations dans les bâtiments ennemis (l’occasion de revêtir la panoplie du soldat allemand), sabotages, assassinats, autant d’objectifs à remplir dans un climat oppressant à l’extrême, grâce notamment à quelques mises en scène d’anthologie. Evidemment, on retiendra surtout la fameuse mission du débarquement en barge sur la plage d’Omaha Beach. De mémoire de gamer, jamais une scène de FPS n’avait procuré autant de sensations et d’intensité. Pendant tout le laps de temps qu’il vous faudra pour atteindre les bunkers allemands, vous observerez, impuissants, vos comparses tomber un à un sous les balles ou les obus, à moins qu’une mine se charge de déblayer le terrain. Pas très éloigné de la séquence d’ouverture du Soldat Ryan de Spielberg, sauf que là, c’est du vécu ! Autre atout de MOHDA : l’intelligence artificielle. Vos ennemis (la machine) en savent long sur la nature humaine et anticipent avec brio vos instincts guerriers ou vos déplacements tactiques. Il en va de même s’agissant de vos camarades alliés avec lesquels vous progressez souvent dans le jeu en équipe, parfois sous la responsabilité d’un haut gradé dont il faudra obéir aux injonctions.
Au départ, malgré tout, le jeu rebutera sans doute les habitué du genre, car on se déplace mollement dans MOHDA. Un choix volontaire des concepteurs qui, pour accroître plus encore le réalisme, ont décidé de faire ressentir au joueur le poids des armes et de l’équipement du soldat. On s’y fait… mieux, on apprécie le fait de devoir y réfléchir à deux fois avant d’aller bousculer la Werhmacht dans les villages occupés. Au final, ces petits désagrément de début de partie se révèlent être de judicieux partis pris qui concourent indéniablement à accroître l’immersion du joueur et le réalisme du jeu.
Seul bémol : une durée de vie relativement faiblarde puisqu’on achève hélas assez rapidement les 6 campagnes proposées. Reste bien entendu les parties online dont on aurait tort de se priver, ça nous change un peu de Counter strike. Enfin, pour peu que vous profitiez d’une config adéquate (en clair, un PC dernier cri), sachez apprécier les excellents rendus climatiques (pluie, brouillard, alternance jour-nuit) et l’incroyable effet des explosions (fumée, poussière). Le tout complété par une bande son digne des plus respectables productions hollywoodiennes. Sans équivoque possible, le meilleur soft du genre actuellement disponible sur micro.