Quel genre de suite donner à un jeu lorsqu’il n’y a pas eu, entre deux épisodes, d’avancées technologiques significatives pour justifier une refonte en profondeur du gameplay et du moteur ? On ne peut pas tout refaire, autant créer une nouvelle licence, on se contente donc généralement de dépoussiérer, améliorer, ou, dans le cas de ce deuxième Maximo, prêter l’oreille aux doléances des joueurs -ce qui n’est pas forcément la meilleure idée qui soit. Ici, c’est l’inhabituelle difficulté du premier Maximo qui posait problème. Capcom a donc décidé de rendre les choses moins ardues. Ce qui est forcément un peu délicat vu l’historique du titre. Maximo était en effet, à l’origine, un remake plus ou moins officieux de Ghosts’n’goblins, jeu légendaire dont la caractéristique principale était l’incroyable rapidité avec laquelle le héros pouvait se retrouver en caleçon et passer de vie à trépas. Sans cette caution core-gamer, Maximo ne risquait-il pas de perdre son essence et sa particularité ? Et rentrer dans le rang des jeux de plates-formes tous publics n’offrant qu’un challenge relativement limité ? La solution trouvée par Capcom coupe la poire en deux : on évite les abus -plus de sauvegarde « payante »- et on rend la difficulté du jeu plus progressive -le premier quart du jeu ne pose pas de réel problème. Maximo vs. army of Zin reste donc un jeu difficile, même s’il met plus de temps qu’auparavant à assumer sa véritable nature.
Cette ouverture timide à un public un peu plus large justifiait-elle pour autant cette suite ? Maximo vs. army of Zin reprend les bases de l’épisode précédent, affine sensiblement le gameplay… En dehors de ça, on tourne un peu en rond. L’héritage gothico-cartoon de Ghosts’n’goblins est toujours là, même si Capcom a du trouver quelques astuces pour ne pas tomber dans la redite. Les habituels morts-vivants, zombis, goules et squelettes ont été remplacés par des robots particulièrement vindicatifs dont l’apparence effrayante ne diffère que subtilement de celle des créatures monstrueuses des opus précédents. C’est bien trouvé mais un peu léger : Army of Zin ne se distingue pas assez en tant que suite, malgré un décorum crépusculaire qui arrache quelques sifflements d’admiration, et une jouabilité nettement plus accrocheuse. C’est un bon jeu en soi, meilleur que le premier Maximo, un beat’em-all efficace à l’esthétique mi-japonaise, mi-américaine -le titre a été développé par Capcom USA- toujours aussi rafraîchissante. Mais si ce postulat confirme la supériorité des jeux vidéos par rapport au cinéma dans le domaine des sequels -il suffit de faire mieux que la fois précédente-, il montre aussi ses limites : plus qu’à une suite, on a affaire ici à un simple upgrade qui invalide l’épisode précédent, forcément moins beau, moins riche et moins maniable. C’est une des curiosités qui dominent le monde des jeux vidéo ; le passé s’efface face au présent qui régurgite ce qu’il dévore. C’est la fin perpétuelle de l’Histoire vidéoludique.