Quoi de plus normal que de retrouver l’univers satanico-gentillet du sympathique groupe glam rock Kiss transposé dans la boucherie de masse ? Des visages grimaçants et clownesques, une propension inégalée à une mise en scène gothiquement correcte un poil emphatique, le tout mâtiné d’une mythologie remplie de créatures diaboliques. Soit les ingrédients rêvés d’un genre qui depuis longtemps se limite à un blastage tout azimut d’aliens fraîchement débarqués (exception faite des génialissimes Half life et Deus Ex).
Guère de surprises donc, le joueur évolue toujours dans un environnement 3D en vue à la première personne, ramassant au fur et à mesure de sa quête des armes toujours plus puissantes les unes que les autres : mains nues, haches en tout genre, sorte de bazooka trafiqué, etc. En face, des monstres à la pelle (prononcez « StresMons ») venus d’on ne sait où s’attachent à égayer votre progression, servant généralement de prétexte à des effusions généreuses d’hémoglobine. Point de vue originalité, on repassera. Malgré tout, si Kiss psycho circus ne modifie pas d’un iota le déroulement global des opérations, les quelques variations apportées au gameplay suffisent à faire sortir du lot un soft nettement plus intéressant que la moyenne.
Une fois n’est pas coutume, les White Trash plus habitués à se biturer à la bière qu’à défendre la veuve et l’orphelin ont pour mission de sauver la planète des enfants du démon. Bref, après les éructations habituelles et autres amusements scéniques, le groupe visiblement vieilli recherche une reconnaissance tardive. Impossible en effet de ne pas sourire devant l’introduction au milieu des habituelles phases de massacre d’une dimension soi-disant équipe : en bon mégalo, chaque rock star demande au joueur de rechercher les différents éléments d’une armure magique aux délicates sonorités heroic fantasy, l’Elder. Le but de l’opération ? Augmenter les pouvoirs de chacun des protagonistes et les faire évoluer peu à peu vers leur alter ego scénique, Starbearer, Celestinal, Demon et Beast King. Pas la peine d’insister sur le fait que ces dieux clownesques, grimés comme il se doit, sont dotés de pouvoirs magiques gigantesques leur permettant de se déplacer plus vite, de sauter plus haut et d’affronter la conscience tranquille des créatures démoniaques plus terribles les unes que les autres. On a beau rire devant une telle naïveté (genre adolescent boutonneux qui découvre la volonté de puissance), n’empêche, une telle dimension a l’immense mérite de hausser le niveau d’un genre généralement plutôt au ras des pâquerettes.
Autre bonne nouvelle, la réalisation graphique bénéficie du travail tortueux du créateur de Spawn, Todd Mac Farlane. Si la facture globale est en parfaite adéquation avec le monde de nos quatre travestis de service, attention tout de même à l’indigestion, l’univers de Kiss n’étant pas spécialement reconnu pour son bon goût. Pour les non-connaisseurs, mieux vaut prendre quelques précautions : les murs vomissent de partout, le ciel se teinte d’un violet nauséeux, sans parler des maquillages un rien surchargés et de la bande-son à l’égal de leurs créateurs, d’une densité oppressante. Prévoir quelques sacs en plastique au cas où…