On a connu meilleur repompage chez Microsoft. Rage Software a beau s’être chargé de la prog, c’est bien la firme de Redmond qui a défini au préalable les objectifs. En l’occurrence, détrôner l’indétrônable FIFA, référence incontestée en matière de foot micro. Pour se faire, et puisque qu’aucune autre formule n’a jusqu’à maintenant convaincu, les concepteurs ont cru bon de copier quasi intégralement le jeu de EA Sports en espérant finir un cran au-dessus. Hélas, ou heureusement c’est selon, c’est le bide. Non pas qu’International Football 2000 soit un mauvais jeu, loin de là, mais la copie n’est même pas conforme, plutôt bien en deçà de l’original en vérité.
Premier essai en « coupe internationale » -a priori le niveau le plus difficile- avec, au pif… la France. Surprise : rien ne nous l’indique, mais la composition des groupes correspond fidèlement à ceux de la Coupe du monde 98 (les bonnes équipes, mais pas les bons joueurs notez bien). Mais tout est paramétrable, rassurez-vous, puisqu’on peut même créer sa propre équipe avec les joueurs sortis de nulle part (couleurs maillots, short, chaussettes, classique). Suit le choix des options : conditions climatiques, matchs de jour ou de nuit -pas de mix possible-, type de jeu supplémentaire (tirs au but, but en or ou prolongations), angle de caméra (côté touche, côté but ou du dessus, façon Sensible soccer souvenez-vous), hors-jeu activé ou désactivé, durée des matchs et sélection du stade (scandale ! pas de Stade de France !).
Bien, la France rencontre donc dans sa poule le Danemark, l’Arabie Saoudite et l’Afrique du Sud. Respectivement, ça donne : 2-0, 4-0 et 5-0. Trop simple. Au fil du jeu, on décèle rapidement les failles de l’adversaire et les offensives les plus concluantes. Du coup, ça se répète méchamment. L’action imparable : long dégagement du milieu de terrain vers l’avant, accélération du joueur dispo dans les environs -plus personne n’est capable de vous suivre-, contrôle du ballon jusque dans la surface de réparation et shoot de face légèrement lifté. Le contrôle des joueurs et du ballon ne pose aucun problème. Pour chaque bouton du joypad, une forme de tir (shoot classique, à ras de terre, en hauteur ou passe), une forme de tacle. Un autre moyen de marquer à coup sûr consiste à provoquer les corners. Quelle que soit la direction, la puissance et la hauteur du shoot choisies, la balle retombe systématiquement sur l’un de vos joueurs. Reste à bien cadrer le coup de tête, mais c’est peanuts. A noter qu’on retrouve sur chaque coup de pied arrêté -coups francs, tirs au but, dégagements du gardien, puis touches- cette même flèche directionnelle inspirée jusque dans sa forme par celle de FIFA.
Du coup, la France est qualifiée haut la main et affronte au premier tour des phases éliminatoires le Mexique. Une bouchée (3-0). Puis la Roumanie, plus coriace mais prenable (2-1 et une flopée de cartons jaunes). Aïe ! En demi-finale, ça se corse avec l’Allemagne. A ce moment-là, honnêtement, on y croit plus. Voyons voir : 10 secondes de jeu, première cahuète dans les filets (cf. la technique imparable décrite plus haut). A peine 30 secondes plus tard, nouveau boulet de canon, le gardien, tétraplégique, n’y voit que du feu. Bref, score final : 4-1, la France est en finale. Clairement, les concepteurs ont négligé, pour ne pas dire omis, l’intelligence artificielle des adversaires. Pire, aucune nuance dans la puissance et dans la technique ne distingue les équipes. On se fait l’Allemagne comme on rétame la Moldavie en quelque sorte. Hélas, la possibilité de régler la vitesse de jeu et la force du pressing n’y changent rien.
Dans ces conditions, face à l’Italie en finale, on va se permettre quelques expérimentations, histoire de dénicher de nouvelles techniques et fantaisies d’attaques (retournés, reprises de volley, amortis, shoot éloignés…) Mais c’est le fiasco intégral, match nul à la fin du temps réglementaire. Tirs au but, classique : plongeon à droite, plongeon à gauche, hasard total. Pas besoin de se creuser pour faire plus réaliste… Au final, 2 méchants coups de bol, 2 tirs stoppés net. A mon tour. Shoot au centre, comme ça, pour voir : ça passe. 5 fois de suite et c’est la série parfaite. Comprenez, ce con de gardien ne reste jamais au centre, le plongeon est systématique !
Finalement, c’est à croire que tous les efforts ont été portés sur la seule réalisation. L’épate quoi. Effectivement, les stades ont été travaillés jusque dans les tribunes où l’on jurerait voir de véritable supporters. Etonnant. Les joueurs sont soignés, aussi bien en vue éloignée qu’en vue rapprochée. Pas mal de clones dans le lot tout de même. Et des tronches d’enterrement : pas un sourire, y compris lorsque la coupe est remportée. Bien plus irritants sont les commentaires de Thierry Roland et Michel Dhrey. D’une bêtise affligeante, d’autant que les poncifs défilent en boucle et s’avèrent être bien souvent inappropriés. Difficile à croire de nos jours, mais il s’agit toujours d’un argument de vente qu’on assène à tout bout de champ dans les communiqués, sur le packaging… Faites-les taire.
D’ordinaire, la stratégie du clonage réussit plutôt bien à l’éditeur. Seulement là, rien à faire, Microsoft est tombé sur plus fort que lui. Du coup, on attend toujours FIFA 2000 d’EA Sports, annoncé pour novembre. Vite !