Vous êtes tueur à gages au service d’une mystérieuse agence… Sans rire, on nous refait le coup du vieux routard amnésique à qui l’on soumet en cours de partie des bribes de passé plus ou moins crédibles et cohérentes pour camoufler une totale absence de scénario. Passons. Ex-taulard, supposons car c’est bien de prison que vous sortez au départ, on vous refait le casier judiciaire en échange de quoi vous acceptez une série de missions hautement périlleuses. Celles-ci consistent généralement à éliminer des personnalités d’organisations mafieuses internationales. En Chine d’abord. Première mission : assassiner un émissaire de la triade du Dragon Rouge venu négocier avec son homologue de la triade ennemie (Lotus Bleu). L’idée étant de semer le doute et la pagaille entre les deux clans. Mission suivante, chacun son tour, il s’agit d’abattre un haut membre du Lotus Bleu pour simuler une vengeance… et ainsi de suite, jusqu’à l’épreuve finale, soit l’élimination de Lee Hong, chef de la triade du Dragon Rouge. La tuerie se poursuit ensuite en Colombie, en Hongrie puis aux Pays-Bas. Toujours le même principe, toujours le même type de missions. Pour les remplir, l’agence vous alloue une certaine somme d’argent, à vous de faire vos emplettes dans le catalogue présenté après chaque briefing : armes blanches pour les combats rapprochés (la fameuse corde à piano notamment, pour étrangler discrètement la cible par derrière), armes de poing (pistolets légers, revolvers), mitraillettes, fusils classiques, de chasse ou à lunette pour opérer à très longue distance. Gaffe à ne pas trop négliger les accessoires, telle la combinaison Kevlar (gilet pare-balles), les jumelles et les objets spéciaux adéquats pour certain type de missions (bombe pour piéger un véhicule, appareils électroniques de filature, etc.).
La force de Hitman est de respecter fidèlement ses ambitions de shoot intelligent. Discrétion, c’est le maître mot ici. Dans la peau d’un tueur à gages, n’imaginez pas une seule seconde pouvoir achever une mission en usant des grands moyens. Oubliez l’option carnage en masse, finesse, réflexion et anticipation ont rarement été autant de mise dans un jeu. D’ailleurs, au moindre faux pas, c’est toute la clique mafieuse qui vous colle aux baskets pour vous faire la peau. Ingérable. A noter également que pour chaque cadavre, l’agence qui vous emploie déduit les frais de nettoyage sur le pécule attribué en début de mission… bref, concentrez-vous sur la cible. Privilégiez les passages étroits, les arrière-cours, les sous-sols. Dépouillez les cadavres et enfilez dès que possible la panoplie des forces en présence pour brouiller les pistes.
Avec Hitman, nous voici devant le cas typique d’une bombe en puissance qui, hélas, n’explosera jamais. Théoriquement, il s’agit d’un condensé de toutes les perles vidéoludiques de shooterie sorties sur micro récemment. Citons Swat 3, Deus Ex et Project IGI pour faire court. Hélas, la réalisation n’est pas à la hauteur. Preuves en sont ces quelques vilains bugs d’affichage constatés en pleine partie. De quoi vous immobiliser dans des positions pas très heureuses, voire de vous mettre franchement en mauvaise posture. Par ailleurs, la prise en main du jeu n’est pas des plus aisées. Enfin, comme dans Project IGI, Hitman ne propose aucune possibilité de sauvegarde en cours de mission, ni de parties en réseau.
On finira par cette maxime chopée dans l’intro du manuel : « Du point de vue de la religion, l’Homme fut créé en une semaine, et tout porte à croire que Dieu était fatigué, ou pressé… », Maintenant, transposez-la à Hitman et ses concepteurs. Et oubliez le point de vue de la religion.