Message aux fanas de Commandos, Delta force et autre Rainbow six : rangez-moi ces vieilleries et procurez-vous illico presto cet Hidden & dangerous !
Pas de quoi disserter trop longuement sur le contexte et le scénario, c’est encore les nazis qu’il faut mettre en pièces. Nous voici donc en Allemagne -parfois, on déviera sur l’Italie-, en 1941. Vous menez les troupes de la SAS (Special air services) britannique, dont la raison d’être consistait à semer le chaos derrière les lignes ennemies, dans les camps nazis bien trop rangés et ordonnés. Par petits groupes, en toute discrétion.
Première étape : sélectionner 8 troufions parmi les 40 que compte le jeu (de simples soldats pour la plupart, quelques lieutenants seulement). A l’instar de Commandos, chaque type a ses propres caractéristiques : certains excellents au tir, d’autres manient plutôt bien l’art du camouflage. Dans le lot, quelques soldats profitent d’une grande capacité de résistance tandis que d’autres, costauds, transportent aisément une grande quantité d’armes et d’équipements divers.
Parmi les 8 gars qui composent l’escouade, il convient d’en sélectionner 4 pour chacune des missions. Le jeu en propose 23 réparties sur 6 campagnes, toutes uniques et savamment ficelées, qu’il s’agisse de récupérer des otages, de détruire un bâtiment, de subtiliser un document secret… Les briefings ont le mérite d’être clairs et astucieusement présentés en 3D. Dès les premiers instants de jeu, Hidden nous en met plein la vue : les graphismes sont tout bonnement remarquables, mais plus encore, ce sont l’ambiance sonore et les musiques qui forcent ici le respect. Bruits de pas des soldats, tirs et explosions, mais aussi coups de tonnerre, pluie…, le réalisme est à son comble. Vous allez vite vous en rendre compte, il y a deux façons d’agir en mission : en vue externe, à la Tomb raider, ou en vue subjective à la Half-life. C’est précisément ici qu’Hidden enterre sévèrement la concurrence, car si l’on fait bon usage de l’une et de l’autre des vues, l’immersion est totale et l’on sortira difficilement indemne d’une telle claque vidéo-ludique. D’autant que techniquement, Hidden n’a justement rien à envier ni à Tomb Raider, ni même à Half-life, si je puis me permettre…
Reste une dernière manière d’entreprendre une mission : le « mode carte ». A tout moment le joueur peut visualiser le terrain d’action et sous tous les angles (zoom, rotation, visualisation des différents étages…). Plus qu’une simple carte, l’option se révèle être une véritable console de contrôle des opérations. A partir de celle-ci, vous pouvez planifier et programmer toutes sortes d’actions en définissant une tâche pour chacun de vos hommes. Excellente idée, mais la méthode est finalement plus qu’incertaine à l’usage. L’ordinateur prend alors le contrôle des bonhommes et c’est là que le bat blesse car on leur ôte pour ainsi dire toute réactivité. Pour être pleinement efficace, le joueur devra prendre en mains, à tour de rôle, le destin des quatre hommes. Dommage. Comprenez, plutôt irritant de voir clamser ces gars sans en être directement responsable. En ce sens, il faudra d’ailleurs éviter de les placer n’importe où sur le terrain.
Si l’IA n’est pas parfaite s’agissant de votre escouade, il en va tout autrement pour les adversaires… Autant vous avertir franchement : Hidden n’est pas à la portée de tous les joueurs. Dès la première mission (il s’agit de rejoindre bêtement l’autre rive d’une rivière par l’intermédiaire d’un pont ennemi ultra-protégé), la difficulté est à son paroxysme. Au moindre faux-pas, les adversaires, véritables as de la gâchette, feront de vous un soldat mort. Discrétion et camouflage n’ont jamais été autant de mise. Notez bien qu’un simple bruissement de feuillage peut mettre fin à une mission ! D’où l’importance de fonctionner en équipe -le personnage actif peut d’une simple pression de touche émettre des ordres à l’attention de tous les soldats situés à moins de 15 mètres : « suivez-moi ! », « Stop ! », « Avancez ! », « Cessez le feu ! »…- pour couvrir les actions de chacun et de jouer à fond la carte sniper. A ce propos, sachez que le choix des armes est déterminant…
Avant d’entamer une mission, soit vous procédez tout seul comme un grand à la distribution du matériel en stock, soit vous laissez le soin à l’ordinateur de répartir les armes, les explosifs et les équipements comme il se doit, selon la nature de la mission. Bon point, la machine semble être plutôt bien avisée sur la question. On ne va pas vous faire le détail de l’inventaire, c’est plutôt classique, mais il faut savoir qu’une mitrailleuses ne s’utilise pas vraiment de la même façon qu’un simple fusil à lunette, ni même qu’un bazooka, bien entendu. Et puisque les programmeurs ont eu la bonne idée de pousser le réalisme jusqu’au bout, le type d’armes sélectionné joue sur la vitesse de réaction des hommes, l’efficacité des shoots et les distances de tirs. De même, l’effet n’est pas le même si vous shootez l’ennemi dans les jambes -certes, il s’affaisse, mais il continue de vous pourrir la vie- ou en pleine tête -option radicale et définitive. La règle s’applique également à vos soldats…
Tout l’attirail du parfait soldat est à votre disposition : les munitions, les explosifs (grenades, mines et dynamites -gardez bien vos distances…) et le matériel divers (couteau, balise, jumelles, système de radioralliement, etc.). Petit conseil : fouillez les cadavres, histoire de récupérer des munitions ainsi qu’un tas d’objets divers plus ou moins utiles. Voire même un uniforme, le must question camouflage et discrétion !
En matière d’interaction avec le décor, apprenez enfin qu’il est parfois tout à fait possible d’utiliser des véhicules : voitures, camions, tanks, bateaux et même avion -l’avro Lancaster, 2 places s’il vous plaît ! Néanmoins, méfiance car il n’est pas exclu qu’à l’impact des balles ennemies le-dit véhicule explose littéralement. Vous et votre équipage avec.
Qu’on se le dise, Hidden atteint presque la perfection dans son genre. Presque, car le jeu n’est pas exempt de défauts techniques, certains allant même jusqu’à handicaper sérieusement le joueur dans le feu de l’action. Le maniement de la souris est assez aléatoire : plutôt gênant dans un jeu ou la précision des tirs est aussi primordiale et décisive. Vos garçons sont souvent agenouillés ou couchés, normal. Or, lorsqu’ils rampent et rasent une cloison, les angles de tirs s’en trouvent parfois exagérément limités. Quand les soldats ne se retrouvent pas purement et simplement coincés dans le décor… Admettons que les programmeurs aient poussé très loin le réalisme, mais il semble ici qu’on l’ait carrément surpassé. Et qu’y a-t-il au dessus de lui, je vous le donne en mille ? Un bug ! Hidden en compte quelques-uns, hélas. Enervant.
Mais retenons l’essentiel : rarement un jeu nous aura tenu à ce point en haleine. Vous n’avez pas fini de flipper méchamment derrière l’écran pour venir à bout du jeu. Sans aucun doute, Hidden promet de palpitantes parties multiplayer.
Sans les quelques défauts signalés plus haut, Hidden aurait eu, sans contestation possible, la note maximale, celle qui distingue les chefs-d’œuvre absolus des très bons jeux. Ceci dit, les tchèques d’Illusions Softworks révolutionnent le genre, soyons clair.