Plus la peine de se voiler la face, on sait déjà que les hits sur la 128bits de Sega vont arriver au compte-gouttes jusqu’à extinction permanente des feux. Que reste-t-il ? Virtua tennis 2, Shenmue 2, rien que des valeurs sûres. Et Headhunter, annoncé comme le pendant dreamcastien de Metal gear solid. C’est tellement maigre, qu’on se forcerait presque à aimer tout ce qui pourrait participer au chant du cygne de la Dreamcast.
Précédé d’une bonne réputation, Headhunter est donc presque condamné aux louanges. Pourtant, les premières minutes de jeu laissent présager le pire : et si la fin prématurée et injuste de la Dreamcast avaient aveuglé la plupart des testeurs ? Une intro en forme de faux-journal télé, « à la Robocop« , plutôt marrante, puis une courte séquence d’évasion… Deux trois coups de feu, et nous voilà à l’hosto. Jack Wade est un ancien chasseur de primes évoluant dans un monde futuriste où la justice est aux mains d’une big-corporation, Biotech -thanx again Verhoeven. Il a perdu la mémoire à la suite d’une série d’expériences mystérieuses… Ce petit souci d’amnésie n’empêchera pas Angela Stern, fille du boss de Biotech de l’engager pour retrouver l’assassin de son père. Mais pour reprendre ses activités de « headhunter », Wade devra repasser sa licence de chasseur de primes. Un petit tour en moto et direction L.E.I.L.A., le centre de formation des headhunters.
Jusque-là, on reste circonspect. C’est CA le méga-hit-de-la-mort-qui-tue ? Gameplay bâtard un peu mou, graphismes quelconques, cinématiques hideuses et bavardes… Plus grave, Jack Wade, le personnage principal, a le charisme d’une huître. Pas de panique : parce qu’une fois le premier permis passé, tout change. Jack Wade endosse ses cyber-sunglasses, ce qui lui confère la classe internationale. Et surtout, le jeu commence VRAIMENT et vous aspire intégralement jusqu’à la fin, ou jusqu’à ce que vous soyez irrémédiablement bloqué. Ce qui arrive assez fréquemment, il faut bien l’admettre.
Qu’est-ce donc que Headhunter ? Peut-être le deuxième « jeu total » de la Dreamcast, après Shenmue. Additionnez Metal gear solid, Syphon filter, Resident evil, Virtua cop et vous obtenez un jeu d’aventure / action / infiltration / shoot. Et simulation de pilotage de moto en prime ! Ca vous paraît un peu too much ? Ca l’est, effectivement. Mais les différentes phases s’enchaînent à merveille, sans le moindre heurt : une virée en moto dans la ville, infiltration d’un endroit truffé de bad guys, du combat à l’arme à feu, puis retour sur la moto pour passer les nouvelles épreuves du permis. Evidemment, si on distingue chaque aspect du gameplay séparément, Headhunter n’arrive jamais à la cheville de ses modèles. Pas mal de choses à redire, au niveau de la jouabilité, un peu pataude, parfois confuse, et de la partie « aventure », pas assez dirigiste pour un jeu multi-genres. La sauce finit tout de même par prendre… Headhunter ne révolutionne rien, il accumule, mais avec une dextérité évidente. Même constat pour les graphismes : c’est de plus en plus beau malgré le rendu un peu cubique des personnages. Et très coloré, Sega’s touch oblige. On est loin de la glauquerie de la plupart des jeux next-gen, Silent hill 2 et MGS 2 en tête. Et la musique crypto-hollywoodienne est magnifique.
On fermera donc les yeux sur quelques problèmes qui reniflent la beta-version à plein nez. Des bugs énervants lors des phases de pilotage, une traduction qui laisse à désirer -il faudra expliquer aux traducteurs que le contraire de « monter sur une moto » n’est pas « démonter une moto ». Headhunter boitille un peu au niveau du concept et de la finition. Mais quoi de plus passionnant que de déjouer une prise d’otage, de chasser le criminel, de parcourir les rues de L.A. en moto ? Sorte de clone bourrin de Metal gear, Headhunter prouve que la Dreamcast en a encore dans le ventre.