Peu de chance de voir un jour débarquer en France l’excellent Magical melody (dernier Harvest moon sur GameCube), si ce n’est sous la forme de « wiimake », alors ne boudons pas notre plaisir : deux Harvest moon sur consoles portables, c’est la fête, même si les deux titres ne sont pas forcément les meilleurs représentants de la série. Peu importe : Harvest moon DS et Innocent life proposent deux visions radicalement différentes d’un système qui creuse toujours le même sillon (le « RPG agricole », si l’on peut dire…) depuis une douzaine d’années…
Passons rapidement sur Harvest moon DS, qui a tout de l’épisode officiel, un peu trop sage et trop crispé sur les acquis de la série, sans parvenir au même degré d’aboutissement que Friends of mineral town ou Magical melody. Sans surprises et incapable de trouver des applications intéressantes aux fonctionnalités de la DS (mini-games ineptes, interface balourde, allers-retours agaçants entre D-pad et stylet), Harvest moon DS fonctionne en pilotage automatique et ressemble au produit fatigué d’un studio de développement démotivé.
Sous-traité par ArtePiazza (petit studio responsable des remakes de Dragon quest IV et V sur PlayStation 1 et 2) et sans doute pensé comme un gaiden, Innocent Life se démarque légèrement de la ligne officielle de la série (« une ode à la vie rurale », selon son créateur Yasuhiro Wada). Jolie fable SF-écolo, Innocent life transpose l’univers fermier de Harvest moon dans ce qui pourrait ressembler à un futur baba-cool… quitte à rentrer en contradiction avec les fondamentaux de la série : à force d’automatiser la plupart des actions du joueur, à grands renforts de machines hi-tech et autres robots domestiques, il ne reste plus grand chose à faire pour remplir ces trop longues journées au cours desquelles le temps défile avec une terrifiante lenteur, entre deux avancées scénaristiques, en attendant que certains verrous bloquant l’accès à de nouveaux environnements sautent. Maladroit, Innocent life ne parvient même pas à se rattraper du côté des interactions sociales – il est inutile d’espérer pouvoir trouver une épouse, comme dans les autres Harvest, puisque notre avatar est un androïde -, mais possède d’autres qualités, qui rappellent un peu A Wonderful life, Harvest moon bancal mais touchant, empreint d’une nostalgie un peu glauque. Innocent life n’est rien de plus qu’un « jeu-trip », imparfait mais émouvant, qui se vit dans l’ennui, l’errance et la contemplation d’un monde au bord de la destruction. Les Harvest moon les plus mélancoliques ne sont peut-être pas forcément les meilleurs. Mais ce sont incontestablement les plus beaux.