Reconnaissons-le : la situation est difficile pour Sony qui accumule mauvais résultats sur mauvais résultats (et plus particulièrement dans le domaine du jeu vidéo). Normal, avec une console soi-disant révolutionnaire mais qui ne parvient pas à trouver ses marques, et des bons jeux réellement à la hauteur des capacités de la machine qui se font attendre… A quelques mois de la sortie des consoles concurrentes (X-Box et Dolphin), c’est dire si GT3, ce blockbuster du jeu vidéo attendu depuis belle lurette, doit faire ses preuves quant au potentiel ludique de la console.
Rien de bien étonnant à ce que l’on retrouve dès les premières minutes de jeu une foule de caractéristiques déjà présentes dans les premiers opus (GT1 et GT2) qui ont fait le succès de la série. Si la volonté encyclopédiste est toujours de mise (plus de 600 véhicules dans GT2), le nombre des bolides a été revu à la baisse : pas moins de 160 véhicules tout de même sont proposés à la sagacité des pilotes. Des voitures familiales, aux bolides surboostés de rallye, sans oublier les caisses surbaissées à la manière d’un 24 heures du Mans, GT3 réédite l’exploit d’offrir au joueur un panel synthétique de tout ce qui se fait dans le sport automobile. Un avantage évident sur tous ses concurrents qui se limitent le plus souvent à circonscrire avec maladresse un domaine spécifique quand ils ne ratent pas carrément le coche comme Sega GT (copier-coller de concepts mal assimilés). Inutile de préciser que chaque véhicule est copieusement documenté, aussi bien d’un point de vue technique (couple moteur, poids, régime maximal et rendu sonore) que d’un point de vue historique (date de sortie, points forts et faibles du véhicule, anecdotes). Largement de quoi ravir les amateurs.
Côté gameplay, pas de changements majeurs mais quelques petites modifications qui affinent le plaisir du jeu et affûtent comme une lame l’efficacité du titre. Plutôt que de rentrer dans une course à la surenchère, les concepteurs ont eu la bonne idée de régler et d’ajuster les différents modes de jeu pour obtenir une complémentarité optimale. Résultat : deux modes en tout et pour tout. L’arcade d’abord pour se lancer illico dans la course et débloquer quelques véhicules cachés. Véritable plat de résistance, le mode « Grand turismo » révèle la force du soft. Le fonctionnement n’en reste pas moins des plus basiques. Première étape : gagner votre permis de conduire, l’autorisation suprême sans laquelle vous ne pouvez concourir. Dans les faits, cette épreuve primordiale teste votre maîtrise du véhicule et fait figure de phase d’apprentissage. Des freinages catastrophes aux dérapages plus ou moins contrôlés, la victoire se jouera souvent à quelques centièmes de seconde. Une fois le papier tamponné, votre carrière suit tranquillement son cours : acheter une voiture, participer à des courses, gagner de l’argent et investir dans de nouveaux bolides ou dans l’achat de pièces aussi variées que suspensions, effets DGL, turbos ou gains de poids. Là aussi, GT3 impressionne par une subtilité rarement atteinte dans la gestion des différentes options. Chaque pièce est accompagnée d’un commentaire soigné, expliquant clairement quels sont les effets ou les problèmes rencontrés lors de son installation. Une prolixité rarement atteinte dans le domaine qui parvient à séduire le pilote émérite comme le débutant qui apprendra à modifier avec soin son bolide. A des années-lumière des titres qui privilégient l’achat intempestif de pièces indispensables pour gagner la seconde course, GT3 opte pour une finesse et une richesse tout bonnement jubilatoires.
En dehors de la fibrillation propre à la console, les graphiques alliés à une bande-son soignée (dans l’esprit de Metropolis street racer) renforcent le réalisme par un travail inégalé sur la modélisation des bolides et les effets de lumière. Entre s’envoyer un tournant en épingle sous le soleil crépusculaire de Tahiti à bord d’une 206 Rallye, et avaler l’asphalte à Tokyo à l’aube du jour dans une Mazda MR5 gonflée à bloc, il ne manque guère que les odeurs de gomme brûlée et les pépiements des oiseaux de nuit pour offrir une sensation d’immersion totale et combler les joueurs les plus exigeants.
Outre ses nombreuses qualités indéniables, GT3 est un jeu véritablement hors norme en ce sens qu’on ne s’en lasse pas : nombreux défis passionnants, variété époustouflante de lieux et de véhicules, et intelligence de jeu rarement égalé. Un titre qui propose une jouabilité et un rendu de conduite exceptionnels. Les heureux possesseurs du volant force feedback apprécieront les retours de force dans les virages mal négociés et l’impression de légèreté lorsque le véhicule décolle du sol. Impressionnant.
Inutile de signaler que la durée de vie d’un tel soft est tout simplement démoniaque, le joueur y laissera sans aucun doute de très longues tranches de (non-)vie, quitte à se couper de toute vie sociale. Pour la bonne cause, vraiment.