Le titre de champion des constructeurs à peine empoché, la Scuderia s’offre le luxe d’une simulation de haute volée qui risque bien de rester dans les annales ludiques. Déjà, la version arcade avait marqué les esprits tant la réalisation de l’interface atteignait des sommets inespérés. Pas moins de trois écrans transcrivaient les vibrations des machines tandis qu’un système intelligent et ergonomique absorbait littéralement le joueur pour le plonger au plus près de l’asphalte rugueux et des odeurs de gomme brûlée. La conversion Dreamcast n’a pas à rougir devant son illustre aînée, même si faute de place et de moyens, il n’est pas encore possible de mettre à contribution les écrans des voisins, venus sûrement nombreux acclamer le futur champion. Faute de mieux, l’adjonction d’un volant force feed-back, d’un pédalier (à placer en premier sur la liste des cadeaux de Noël) rajoutent dans l’effet de réel, mais ils ne sont en aucun cas nécessaire. La jouabilité étant sans conteste au rendez-vous.
Ferrari 355 challenge suit la politique de ses constructeurs et s’adresse avant tout aux puristes. Pour ceux qui cherchent une petite balade dans les bois, à vive allure, passez votre chemin. Ici, pas d’air conditionné, ni d’autoradio RDS à tripoter toutes les cinq minutes. Tout est mis en place afin de mettre en valeur une puissance motrice orgiaque au profit d’un objectif unique : passer la ligne d’arrivée en première position. L’aspect spartiate et austère se décline à tous les niveaux du jeu : une seule voiture, une seule vue. C’est dire si l’amateur de fun et d’éclate à gogo risque d’être déçu. Seule touche d’excentricité : il est possible de choisir la couleur d’un véhicule qui ne sera de toute façon visible qu’une fois le drapeau à damier abaissé. Subsistent les multiples réglages possibles du véhicule qui, au fil du temps, deviennent indispensables. Comme le fait d’écouter d’une oreille fine et attentive les chuchotements du moteur, histoire de le régler au quart de ton près…
La mise en bouche, des plus fameuses, indique clairement que le petit jeu habituel du « je fonce et ensuite je freine » risque d’avoir toujours la même issue fatale. Les quelques chevaux disponibles sous le capot méritent d’être domptés avec beaucoup de doigté et d’intelligence. Pour remporter une course, il faut faire preuve d’une véritable stratégie de la piste. La trajectoire doit suivre les règles bien ennuyeuses du cinétisme, mention bolide en déplacement libre à trajectoire rectiligne et/ou circulaire.
Ces premières étapes passées, les courses distillent de vraies bulles de bonheur. Toujours dans le même esprit, les modes ajoutés au genre arcade continuent de perpétuer l’âme de la machine rugissante. A l’inverse d’un Metropolis street racer qui privilégie la quantité au détriment, parfois, de la qualité, F355 opte pour une épure radicale. A peine onze circuits, certes, mais en contrepartie, le rendu des pistes et des décors est tellement fouillé qu’il n’est pas rare de jeter un coup d’œil à plus de 300 km/h et de s’enficher illico dans le premier bac à sable venu.
F355 a le mérite de réveiller les dernières pulsions machiniques, restées à l’état latent depuis bien longtemps. Un excellent jeu à l’attention des drogués du volant en somme.