Révolution à l’époque, Homeworld débarquait avec cette idée géniale de téléporter tout le petit monde du STR vers l’infini de l’espace. Le joueur goûtait aux joies d’un système entièrement 3D, d’une liberté de mouvement inégalée, le tout baigné dans une atmosphère de space opera halluciné. Le contexte est identique dans Far gate, qui, bien décidé à marcher sur les plates-bandes de son illustre prédécesseur, n’hésite pas à mettre les pieds dans le plat, quitte à en faire un peu trop.
Un bon point d’abord pour les concepteurs : plus difficile en effet de s’attaquer de front au champion de service que de se perdre dans la faune de clones STR old school qui pullulent en magasin. Le scénario comporte évidemment quelques similitudes avec le monde d’Homeworld. Plus de confédérations Kushans certes, ni de planète-mère Hilgara, mais un passager clandestin du nom de Jacob Viscero qui ne désire qu’une seule chose : retrouver son monde natal. Manque de chance pour lui comme pour nous, la planète qui l’a vu naître a tout bonnement disparu de la carte de l’univers, l’obligeant à trouver une nouvelle terre d’élection et à se venger des infâmes traîtres à l’origine de la destruction. On passe tout bêtement du collectif mythique et fondateur de civilisation à un petit problème individualiste de rien du tout. Pas très encourageant d’autant plus que la progression est assez lancinante.
Côté jouabilité, tout va bien. Far gate bénéficie de l’expérience acquise par la concurrence et présente une interface claire, aisée à comprendre et à pratiquer : les menus s’escamotent, permettant une visibilité optimale de l’aire de jeu. Idem pour la majorité des opérations qui se pilotent d’un simple clic. Les fonctions zoom ou accès à une unité aussi éloignée soient-elles en sont d’autant plus facilitées. Seul problème : la réalisation graphique un peu trop chargée. Entre les créatures hybrides façon crustacés mutants transgéniques et les déluges de couleurs psychédéliques, on est plutôt loin de l’épuration spatio-temporelle d’Homeworld. Dommage, car l’un des nombreux charmes du soft était précisément d’éviter le trop-plein et de suggérer finement l’ivresse de l’espace, plus proche du vertige du vide que de teintures post-baba cool agressives. A trop vouloir éprouver les capacités de nos machines, Far gate finit par lasser. Au début, c’est plutôt joli, mais au bout d’une dizaine de minutes, les mouvements fractals des étoiles naines et autres galaxies en voie de disparition provoquent une certaine fatigue visuelle.
Outre les nombreux bugs d’affichage, les missions s’étalent dans la longueur. Rien de plus énervant que de passer plusieurs heures à espérer une accélération temporelle qui ne viendra jamais. Et quand en face de vous, l’IA se révèle bien loin des prouesses de HAL dans 2001… Soyons clairs : Far gate, c’est long et ennuyeux.