Hé jeune YOLO ! Tu ne te rends pas bien compte parce que tu as vu les tours jumelles partir en latte et les G.I. se galérer en Afghanistan, mais si tu étais né dans les 70’s, tu aurais été élevé dans l’idée que les Etats-Unis est le plus grand pays au monde. Le plus viril. Le plus puissant. Le plus burné. Gardiens du monde libre, les Etats-Unis avaient le Coca Cola, Nike et Michael Jackson. Surtout, à l’époque où Kiefer Sutherland n’était pas encore Jack Bauer, ils avaient les meilleurs héros de guerre du cinéma. Ces personnages fictifs représentaient la revanche symbolique US sur la débâcle militaire de la guerre du Vietnam. Ils s’appelaient John Rambo, Commandant Scott Mc Coy (Chuck Norris) ou John Matrix (Arnold Schwarzenegger). Ils incarnaient cette idée de l’Amérique triomphale à laquelle invite malicieusement aujourd’hui Far Cry 3 : Blood Dragon, extension aux airs de délires hallucinatoires d’un des tous meilleurs FPS à monde ouvert de ces cinq dernières années. Surfant sans complexe sur le terrain du rétro-futurisme certifié 80’s, le jeu étale une esthétique fait de cieux violacés et de rayon lasers, de structure métalliques et de néons fluos, accompagnée de thèmes musicaux puisant avec ferveur dans John Carpenter et les B.O. de Terminator. Coup de génie de la part d’Ubisoft, cette débauche de mauvais goût n’est jamais au service d’un esprit parodique ou moqueur. Blood Dragon est une version hystérique, poussée à l’extrême de cet esprit patriotique et profuturiste américain des années 80.
Suintant la testostérone des rangos jusqu’à la coupe mulet, le sergent Rex Colt (ouais, quand même !) est expédié en mission sur une île pour mettre la main sur une arme destructrice détenue par des cyborgs. Un prétexte parfait pour réutiliser l’architecture de Far Cry 3 et le cœur de son gameplay : la prise de bases. En mode furtif ou gros bourrin, on retrouve l’exacte fluidité de succession des actions du hit d’Ubisoft de l’année dernière. Et de passer sans accroc ni baisse de rythme, d’une partie de chasse à l’embuscade d’un ennemi, d’un vol en deltaplane à une plongée aquatique. On reconnecte également avec le plaisir d’une libre balade ponctuée de collectes de munitions ou d’items cachés dans un environnement vaste et vivant duquel peut surgir, entre la faune agressive et les factions opposées en présence, toutes sortes de situations aléatoires. Les Blood Dragons du titre, une fois attirés discrètement vers une base à conquérir, peuvent ainsi se révéler de précieux quoique très dangereux alliés. Ces T-Rex dont les yeux lancent des lasers sont à l’image de ce stand alone foufou et inattendu. Une récréation sale gosse et hilarante d’une époque cinéphile où l’incarnation de la force US ne laissait planer aucun doute sur son appartenance au bon camp. Les gentils à l’écran, c’étaient les ricains.