Chaque été la Xbox accueille sa moisson spéciale de jeu téléchargeable. Cette cuvée spéciale qui voit la livraison d’un jeu par semaine, est désormais considérée comme un évènement incontournable de la console. Dans un millésime 2012 assez fade, Dust, du jeune studio américain Humble Hearts, s’en tire haut la main comme le meilleur titre de l’année. Rétro mais pas trop, japonisant mais pas saoulant, le jeu n’a pas de quoi rougir devant son modèle, Muramasa de Vanillaware (sur Wii) : même amour candide et joliment nostalgique pour une 2D sublimée par l’image cristalline et chatoyante des standards techno d’aujourd’hui ; même système de jeu mélangeant action (à l’arme blanche, avec enchainement, pouvoir etc.), aventure et jeu de rôle, avec multiple systèmes d’améliorations. La copie aurait pu se contenter d’une fidélité d’usage et s’en tenir à un opportunisme de bon aloi. Elle va un peu plus loin : malgré ses mécanismes vite entendus, trop rapidement pratiqués et une patte graphique pas toujours surprenante (quoique magnifique de par son opulence tout en rondeur), Dust trouve sa personnalité au fil d’une aventure rythmée, jamais linéaire, misant avec une générosité constante sur l’exploration. A l’ancienne, avec son Metroid sur un coin de table pour ne pas oublier les allers-retours dans des niveaux en feuilletés, le jeu d’Humble Hearts trouve un bon compromis entre revival et nouvelle production indé contournant l’horrible esthétique Flash, qui pourtant lui pendait au nez.
Petit jeu attachant, fait avec du coeur et humilité (Humble Hearts), Dust n’empêche pas qu’après Spelunky (autre titre rétro de la fournée estivale), se profile la sempiternelle et un peu angoissante perspective d’un retour au passé qui justifierait, voire scellerait, un certain idéal esthétique et de gameplay. Après une décennie de rétro-gaming, d’hommages vintages et des consoles (en particulier la Wii) transformées en ludothèques online, quel avenir pour cette mouvance ? Les jeux 8bits, 16bits peuvent-ils être désormais considérés comme des titres de répertoires, à l’image du rock qu’on a cru mort puis finalement ressuscité sans voir qu’on l’enfermait dans sa propre histoire institutionnalisée ? Faut-il ne plus considérer des jeux comme Dust, Super meat boy ou Fez de par leur rapport au passé ? Si le jeu vidéo a connu son premier âge classique, on ne sait plus très bien aujourd’hui si cette ère qui est sans cesse ressuscitée n’est pas devenue un piège temporel et créatif. Voire une contradiction de l’identité technologique du jeu vidéo, qui par essence suppose sans cesse avancer plutôt que réactualiser ses anciens concepts, aussi fabuleux soient-ils.