Si on ne devait garder que trois ou quatre jeux de l’ère PlayStation 1, Driver ferait sans aucun doute partie de la sélection. Rarement un jeu de course urbaine nous aura autant accrochés, de par son concept novateur, son ambiance néo-seventies, sa musique lalo-shifrinesque. Oui mais voilà, si Driver 1 était un peu le Bullit des jeux vidéo, Driver 2 se rapproche plutôt d’un Steve Mc Queen phase terminale de la métastase. Difficile déjà de supporter l’obsolescence technique de la Play lorsqu’on a goûté aux délices d’un MSR sur Dreamcast. Or là, on frôle le naufrage complet tant la réalisation de cette suite est catastrophique.
Reste le concept initial, toujours aussi accrocheur : incarner un flic-pilote émérite infiltré dans la mafia. Le flic en question, c’est Tanner, qui se paye dans les cinématiques -un peu moins moches que celles du premier opus- une belle tête de faf-nazi. Après avoir sauvé le président himself d’un complot des Sopranos locaux, le voilà à la poursuite d’un caïd brésilien qui veut exercer sa mainmise sur la pègre de Chicago. Comme dans le chapitre précédent, le mode scénario est donc divisé en plusieurs petites missions dans les villes de Chicago, La Havane, Las Vegas et Rio. Sauf qu’ici, finis les choix cornéliens entre plusieurs missions : il faut se farcir les niveaux en enfilade, au risque de se retrouver rapidement bloqué lorsque la difficulté augmente. Le principe du jeu n’a quasiment pas changé, à quelques innovations près, comme la possibilité de sortir de la voiture, pour atteindre certaines parties du décor réservées aux piétons, ou pour changer de véhicule lorsque le vôtre tombe en miettes. Une idée excellente, convenons-en, même si Tanner court comme un épileptique qui viendrait de se faire sodomiser, ce qui le rend difficile à contrôler. A noter la présence d’un mode deux joueurs, qui faisait cruellement défaut à l’opus précédent. Bon point.
On ne change pas un concept qui gagne, donc, et tout devrait en théorie rouler pour le mieux. Malheureusement, Driver 2 est bien trop gourmand pour une console 32 bits. Le nombre de détails des décors a sensiblement augmenté, ce qui ne rend même pas les graphismes moins laids. Mais surtout, la fluidité de l’animation s’en ressent. On veut bien passer sur un clipping hallucinant, qui donne l’impression que la ville se construit devant vos yeux lorsque vous conduisez, mais impossible en revanche de supporter les atroces ralentissements qui finissent par saccager un gameplay qui frôlait la perfection dans le premier volet.
Sorti trop tôt, ou trop tard, Driver 2 aurait dû de toute évidence être développé pour la PlayStation 2, plus apte à supporter les contraintes imposées par un système de conduite « libre » en milieu urbain. Sur PS1, ce deuxième épisode vient gâcher les bons souvenirs qu’on gardait du premier. C’est, à n’en point douter, le pire grief qu’on puisse lui faire.