En fin de règne absolu de la PlayStation, on peut presque considérer que les titres phares qui lui ont permis d’asseoir son écrasante suprématie vidéoludique font déjà tous partie du passé. Il faudrait être fou désormais de croire que l’on peut encore chambouler les mythes construits autour de cette machine, maintenant déclinante qu’on le veuille ou non. Les places des légendes du jeu vidéo ne sont guère plus à vendre surtout dans la catégorie reine du pain dans la tronche. Au milieu des Tekken, Tobal (dont l’opus 2 n’est malheureusement jamais sorti en France), Bushido blade, les espaces sont quasi condamnés. Pourtant Destrega arrive encore à innover en mélangeant plusieurs ingrédients repris ici ou là. Pour ceux qui n’en ont pas encore marre d’avoir le visage tuméfié par les coups, ou bien, pour tout ceux dont l’esprit n’est pas obnubilé par la sortie imminente de la Dreamcast (14 octobre) et celle plus lointaine de la Play2 (4 mars 2000 au Japon donc…), ce jeu de castagne psychique permet de ne pas trop se refroidir.
Contrairement à d’autres où les poings sont rois, Destrega fait la part belle aux jambes. La bonne vieille canne qui permet de fuir à la première emmerde. Sur des surfaces de plusieurs centaines de mètres carrés, alors qu’à force de « tekker » nous étions devenus des hommes, le jeu se permet de nous vendre la fuite comme stratégie à part entière. Il faut dire que les coups des protagonistes (une douzaine au total, minimum social requis) sont tellement puissants qu’il aurait été assez ridicule de se les envoyer en travers de la gueule collés l’un à l’autre. La promiscuité n’aide pas à la concentration et de la concentration il en faut puisque tous les personnages utilisent leur force psychique pour chaque coup donné, sauf pour le corps à corps réduit malheureusement à une approximation d’un ballet de Roland Petit. Vos piles mentales à plat, mieux vaut sniffer la poudre d’escampette pour attendre de récupérer quelque peu et y retourner ragaillardi. Mais pour peu que l’autre en ait fait de même, vous risquez vite de vous retrouver à la tête de deux petits tas de pixels qui s’envoient des boules d’énergie psychique gigantesques, des éclairs mentaux à électrocuter Godzilla…
Quand vous commencerez à fatiguer de matraquer de coups vos adversaires sans aucune raison, le mode aventure vous ouvre de nouvelles perspectives, tout le peuple strega ayant été anéanti. Avec une poignée d’amis vous allez de combats en combats en changeant régulièrement de perso, jusqu’au donneur d’ordre auquel il faudra faire comprendre que Nüremberg c’est vachement loin et que pour la peine la justice va avoir l’odeur et la couleur du sang vengeur. Façon Dallas, l’histoire remplie de traîtres, de retournements de situations, ne plaira vraiment qu’aux fans de jap’anim, d’autant plus que les scènes cinématiques ont une tendance désagréable à trop souvent couper net les combats (à moins que ce ne soit le contraire ?). Seul point positif de ce mode : les doublages en français, mais une fois que vous les aurez entendus ce ne sera plus du tout positif… Mieux vaut se contenter d’y jouer à 2, dans un ersatz de Dragon Ball Z réussi, où, une fois les parades connues, les combats s’avèrent être réellement spectaculaires.