Les aficionados de Commandos commencent à perdre patience… Pyro Studios, sur son petit nuage depuis que le jeu édité par Eidos a fait l’unanimité chez les gamers comme dans la presse spécialisée, n’a pas vu l’obus Desperados venir. Infogrames s’engouffre effectivement dans la brèche ouverte par Commandos et curieusement laissée vacante depuis. Chez Pyro Studios, on traîne à achever l’opus 2 de ce qui fut encore il y a peu la référence absolue dans son genre. A moins qu’on ait volontairement attendu que le challenge soit plus élevé… pour l’inspiration ?
Oubliez la Seconde Guerre mondiale, nous voici ici en plein Nouveau-Mexique en 1881. Un premier bon point pour le contexte, ça nous change un peu du IIIe Reich et des troupes de la Special Air Services britannique. Vous êtes John Cooper, un cow-boy solitaire et taciturne digne descendant de Clint Eastwood. A El Paso, petit bled du Sud-Ouest des Etats-Unis, une bande de desperados dévalise les trains de la compagnie ferroviaire locale. 15 000 dollars pour la capture du chef de bande : bon plan pour John et ses acolytes chasseurs de primes.
25 missions au total, dont une bonne partie en forme de tutorial, lorsque que vous ralliez un nouveau comparse à votre cause. En fait, il s’agit surtout d’apprendre à maîtriser les spécificités de chacun : John, lui, c’est le polyvalent de la bande. Samuel William est expert en explosif, Doc McCoy maîtrise le Buntline pour shooter à distance (le snipper de la troupe en quelque sorte). Kate O’Hara, elle, use et abuse de ses charmes avec sa jarretière, pour abrutir l’ennemi ; avec ses dames de cœur, elle plante le malfrat en brouillant les pistes ; avec son miroir, Kate éblouit ses adversaires à distance, etc. Restent Mia Yung (et son singe), 18 ans, agile comme une panthère, et Sanchez, brute épaisse, mais homme de parole sur qui la fine équipe peut compter.
On l’aura compris, c’est en exploitant toutes ces compétences, selon les circonstances et bien souvent en les combinant (ingénieuse idée que cette fonction Quick-Action qui vous simplifie grandement la tâche), qu’on achève les missions : libérer un prisonnier, infiltrer une forteresse ennemie ou encore organiser un casse de banque… Changement de contexte, certes, mais le bon vieux principe de l’équipe complémentaire est toujours de mise. Comme dans Commandos, la mort d’un seul des comparses met fin à la mission en cours. Outre l’action, réflexion, tactique et discrétion sont de mise : pas question par exemple de débouler à cheval dans les allées de la ville, ni même de débarquer impunément dans les saloons. Pas de coups de feu tapageurs non plus à moins de vouloir ameuter à coup sûr la populace. Chaque personnage rencontré possède son champ de vision, il s’agit donc ici de composer en fonction des balayages ennemis et d’emprunter les angles morts. L’ennemi est alerté, et donc sur ses gardes, lorsque son secteur de visualisation s’affiche en jaune ; s’il vire au rouge, vous êtes repéré. Pensez également à ramasser et dissimuler les cadavres… Enfin, n’éliminez jamais un civil non armé. Pour s’en débarrasser, car ceux-ci ne manqueront pas d’alerter le shérif au moindre repérage, une bonne droite fera amplement l’affaire.
Assurément, vous n’êtes pas au bout de vos peines/plaisir, certaines missions s’étalent véritablement dans la longueur et il vous faudra charger pas mal de sauvegardes avant de dénicher les failles de contrôle ou de l’intelligence ennemies. Pour couronner le tout, il s’avère à l’usage que Desperados ne se résume pas à une simple série d’objectifs sans suite : au fil de la progression dans le jeu (et des époustouflantes cinématiques), on s’aperçoit assez vite qu’il s’agit là d’une véritable aventure cohérente et plutôt bien ficelée.
Un coup de chapeau enfin pour la réalisation, les concepteurs n’ayant laissé de côté aucune composante du gameplay : graphisme impeccable, ambiances sonores et voix françaises de circonstance, moteur 3D isométrique irréprochable, pathfinder respectable, interface adéquate, intelligence artificielle haut de gamme.
On peut toujours espérer aveuglément que rien ne remplacera Commandos 2. En attendant, Desperados fait figure d’excellent palliatif pour les gamers en manque. Comme quoi le clonage a parfois du bon.