C’aurait pu être un « cas d’école ». Comment parler d’un jeu dont on sait objectivement qu’il est plutôt bon mais qui nous laisse tout de même de marbre ? C’est le problème auquel il aurait fallu faire face si on s’était attaqué au test de Dead or alive 2 (DOA2) sur Dreamcast. Heureusement, cette nouvelle mouture du jeu de baston de Tecmo a fini par nous convaincre définitivement, ce qui n’était pas tout à fait gagné d’avance…
Alors, qu’est-ce que cette version « Hardcore » peut bien apporter pour nous faire brutalement changer d’avis ? D’abord, des nouveautés, bien sûr. De nouveaux décors -dont une arène magnifique sur les toits de Hong Kong, baignant dans une lueur mordorée d’une beauté crépusculaire-, de nouveaux costumes… Surtout, deux personnages supplémentaires. Le premier, Bayman, rescapé du premier épisode, ne présente pas vraiment d’intérêt. Par contre, la possibilité d’incarner Tengu, le boss le plus ridicule de l’histoire des jeux vidéo -sa prothèse nasale phallique en diable propice aux fantasmes vaginaux vaut le coup d’œil- est particulièrement appréciable. C’est tout de même peu. Et si, tout simplement, ce revirement ne provenait que d’une banale histoire de manette. Ici, contrairement à celle de la Dreamcast, pas de regret lorsqu’il s’agit d’attribuer des combinaisons aux boutons du pad. Plus souple que sa consœur de Sega, la manette PS2 permet de profiter plus amplement d’une jouabilité plus fluide et surtout plus rapide. Disparue, cette impression de rigidité, de lourdeur, qui plombait le gameplay de DOA2 sur Dreamcast. Désormais, il est possible d’apprécier le jeu à sa juste valeur et de découvrir ses nombreuses innovations.
Parce que face à un Tekken tag tournament, petit épargnant qui n’exploite quasiment pas son environnement 3D et se repose gentiment sur ses acquis, DOA2 bouleverse sans en avoir l’air nos bonnes vieilles habitudes de fighter. Héritier inavoué des Virtua fighter de Yu Suzuki, le jeu de Tecmo introduit en fanfare la notion d’interactivité avec les décors. Pas d’arènes limitées à la Soul calibur ou illimitées façon Tekken. Ici, tout est affaire de logique architecturale. Poussez votre adversaire par une fenêtre et il se retrouvera quelques étages plus bas, plaies et bosses comprises. Sans parler du sol enneigé qui peut se dérober sous vos pas, des parois électrifiées, des barrières trop fragiles. C’est vrai, certains décors peuvent paraître un peu vides si on les compare à ceux de TTT. Au moins ils participent à la stratégie du gamer, déjà bien exploitée par un gameplay beaucoup plus technique qu’à l’accoutumée. Alors que la plupart des autres jeux du même genre misent surtout sur l’apprentissage des coups spéciaux et autres combos, DOA2 introduit un système de « contre » qui induit une anticipation des mouvements de l’adversaire. Une fois le principe maîtrisé, le jeu en solo contre l’ordinateur ne pose plus trop de problèmes. En revanche, le jeu à deux propose un nouveau challenge dès lors que vous changez de partenaire. Vous devez ainsi appréhender sa logique de combat.
DOA est donc parvenu à se révéler à nous, après un premier épisode franchement médiocre sur 32 bits et un deuxième opus un peu empesé sur Dreamcast. Plus beau -malgré quelques « jaggies » persistants-, plus fin et plus riche, DOA2 sur PS2 est sans aucun doute le meilleur jeu disponible sur le « radiateur 2 » de Sony au sein d’une logithèque encore misérable. Seul défaut : malgré les mamelles bondissantes de ses sexy combattantes -tellement bondissantes qu’on les croirait douées d’une vie propre-, les personnages du jeu manquent de charme, de variété, et tombent rapidement dans le cliché. C’est bien la seule chose qu’on puisse reprocher à un titre qui rejoint enfin Soul calibur au panthéon des meilleurs jeux de baston sur 128 bits.